L'Italie aura connu une des campagnes électorales les plus confuses de son histoire récente. Certes, l'Union, qui rassemble toutes les forces hostiles à M. Silvio Berlusconi, renforçait, à quinze jours du scrutin des 9 et 10 avril 2006, son avance sur la Maison des libertés dirigée par le "Cavaliere".

Les tombeurs de Berlusconi tentent de former un gouvernement. Mais le fondateur de Forza Italia, qui réclame de nouvelles élections, dispose d'une arme redoutable : une popularité que le contrôle de la télévision peut rendre irrésistible.

La campagne électorale italienne, marquée par l'irruption de Silvio Berlusconi au sein d'un camp néofasciste agressif, se déroule au milieu d'une inquiétante débauche de violences physiques.

Pour l'empereur de la télé et de la presse italiennes, le danger, c'est l'arrivée de la gauche au pouvoir. Autour du mouvement politique qu'il vient de créer, il veut fédérer toutes les forces de droite et de l'extrême droite.

Les premières analyses des résultats électoraux le montrent : des pans entiers de la société italienne, jeunes, chômeurs, femmes, classes moyennes, habitants des banlieues, se sont laissé envoûter par ce séducteur "qui est tellement riche, que lui au moins ne volera personne".

En dépit de sa victoire spectaculaire, Silvio Berlusconi aura du mal à former un gouvernement réunissant les principales composantes d'une droite populiste et démagogue mais profondément divisée.

Les Italiens vont-ils succomber devant les urnes, comme ils l'ont fait devant leur petit écran, à la séduction raccoleuse de l'empereur milanais des médias ? C'est l'un des grands enjeux d'une campagne électorale menée sur les ruines d'un système discrédité par les scandales, miné par la Mafia et désorienté par la disparition des grands partis...

Mal entouré, manquant de culture politique, le chef du gouvernement italien a osé menacer de "mettre au pas" la télé publique. Il a précipitamment fait marché arrière. Mais ce n'est sans doute que partie remise.

Leur langage vient du Calcio, leur stratégie du marketing et de la télé. Les "bleus" de Sua Presidenza Berlusconi, qui affronte l'épreuve de l'investiture parlementaire, ont inventé un nouveau régime : la République des sondages.

Fascinés par la réussite de Sua Emittenza, proches de son programme, les libéraux français voudraient bien suivre ses traces. Mot d'ordre : "Il peut y avoir un bon usage du populisme".

Le greffon ne prend pas : l'Italie résiste au berlusconisme. Les syndicats ouvriers, les évêques et même les patrons s'élèvent contre la politique d'un gouvernement dont le chef fait désormais l'objet d'une enquête judiciaire pour corruption.

Il mélange dangeureusement ses intérêts privés et les affaires publiques. Mais, en dépit d'une politique qui lui vaut une grève générale, son crédit dans l'opinion est à peine entamé.