Ni émeutes de la pauvreté, ni mouvements des "sans-voix", les manifestations de rue et les barrages routiers qui paralysent la Bolivie manifestent la désagrégation d'un système politique incapable de résister à des revendications catégorielles exacerbées.

Politique sociale, indigénisme, autonomie, sécession... Le vocabulaire n'est pas neutre dans le chaudron d'une Bolivie menacée de désintégration. Victorieux, avec 67% des voix, du référendum révocatoire du 10 août 2008, le président Eva Morales a gagné son pari. Pour autant, confortés par les majorités qu'ils ont eux-mêmes obtenues dans leurs fiefs, les préfets des départements autonomistes ne relâchent pas la pression

En juin dernier, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale ont loué la ″solide gestion macroéconomique″ du gouvernement bolivien. Quelques mois plus tôt, les rues de La Paz avaient résonné des cris de manifestants exigeant une revalorisation salariale.

On l'a dit autoritaire et populiste, dans le sillage de Chavez ou de Castro. Il est avant tout un réformiste pragmatique. Premier Amérindien élu à la présidence, Evo Morales, en route pour un nouveau mandat, voudrait devenir le Lula des hauts plateaux.

Evo Morales a longtemps incarné la revanche du peuple et de l'indianité sur le capitalisme. Aujourd'hui, estime cet écrivain, ce mythe a vécu. Le président s'accroche au pouvoir comme tant d'autres monarques.

En Bolivie, ce peuple autochtone, longtemps opprimé, a conquis la direction du pays en 2005, plaçant à la présidence de la République l'un des siens, Evo Morales. Quatre ans après, quel est le premier bilan de ce renversement de l'histoire ?