Alors que "La Loi du marché", leur dernier film, est sélectionné à Cannes, L'Express a interviewé pour la première fois ensemble l'acteur et son désormais fétiche réalisateur. Sans détour, ils évoquent leur amitié, leur vision du cinéma, de la vie, de la morale. Entre autres.

Outsider de la compétition cannoise, "La Loi du marché" est un film bouleversant sur la condition de chômeur et de travailleur précaire. Son réalisateur, Stéphane Brizé, y exprime sa colère envers la société.

Peintre de l'intime, des brèves rencontres ("Mademoiselle Chambon"), du sursaut vital ("Je ne suis pas là pour être aimé") et de la fragilité des liens du sang ("Quelques heures de printemps"), Stéphane Brizé est, depuis ses débuts, attentif aux tressaillements des visages et aux inflexions émotionnelles, parfois à peine perceptibles. S'interdisant toujours de basculer dons le moindre sentimentalisme, il s'interroge cette fois sur le rapport de l'intime au social, en s'attachant au parcours d'un homme simple confronté au chômage.

Après deux films de facture que l'on pourrait qualifier de classique, "Le Bleu des villes" et "Je ne suis pas là pour être aimé", Stéphane Brizé a signé une oeuvre pas comme les autres, "Entre adultes", un exercice de style qui n'avait pas vocation à être distribué en salle. Mais le film fut montré, grâce à Claude Lelouch, qui y avait trouvé ces fameux "parfums de vérité" qui l'obsèdent. Pour autant, le cinéma de Brizé n'est pas celui de l'auteur de "Roman de gare", qui lui, ne dédaigne pas le romanesque.

"La Loi du marché" marque la troisième étape de la collaboration fructueuse entre le cinéaste et l'acteur devenu son alter ego. Récit d'une relation professionnelle transformée en une amitié indestructible.