Héritier d'Antonioni, le cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan scrute le couple et les individus et passe par l'intime pour peindre un monde où il a longtemps cherché sa place.

Le réalisateur d'Uzak continue à explorer les tourments de l'âme humaine et les noirceurs de la société turque. Non sans ambiguïté

La société turque finement scrutée dans une longue vadrouille nocturne à la recherche d'un cadavre.

Il a été adoubé d'une Palme d'or pour son "Winter Sleep" lors du dernier Festival de Cannes. On le tient aux côtés de Weerasethakul, Hong Sang-soo et consorts, pour un des fers de lance d'un cinéma d'auteur contemporain et ambitieux, voire réputé "difficile". Peut-on réduire Nuri Bilge Ceylan à des étiquettes hâtives ? "Winter Sleep" sortait ce mois d'août 2014, c'était l'occasion rêvée pour tenter de dessiner des lignes de force et réviser quelques idées reçues au fil de ce dossier. Et capter un regard complexe, où la cruauté se tempère de comédie : un regard de cinéaste.

Beaucoup l'ont dit avant moi : le cinéma moderne européen, d'Antonioni à Bergman et de "Voyage en Italie" au "Mépris", a volontiers pris comme sujet la crise du couple - alors que le cinéma classique hollywoodien privilégiait la rencontre amoureuse, le coup de foudre, fût-il à retardement, et ne semblait concevoir la vie conjugale que sur le mode d'un nécessaire recommencement de cette première fois ou d'une accélération souvent catastrophique.

Bête à concours des Festivals, le cinéaste turc de 55 ans a remporté la Palme d'or 2014 pour "Sommeil d'hiver". Beau mais long, disent certains. Beau et profond pour d'autres. Voici quelques arguments pour y voir plus clair.

Il y a quelques mois, son patronyme était inconnu. Aujourd'hui, le turc Nuri Bilge Ceylan compte de nombreux admirateurs extatiques. Son troisième film "Uzak", justifie le dithyrambe.