Si 64 % des travailleurs du secteur du livre sont des femmes en France en 2021, les écarts de rémunération avec les hommes demeurent aussi significatifs que dans d'autres secteurs. Selon une enquête du ministère de la Culture, les hommes cadres de l'édition touchent en moyenne 26 % de plus que les femmes du même statut (23 % pour l'ensemble des professions culturelles). Et sur la période 2014-2017, seuls 16 % de femmes sont à la direction de grandes entreprises du milieu. Le monde de l'édition demeure marquée par son histoire, où les éditrices ont longtemps été absentes.

Avouons-le, nous adorons nous entendre dire qu'en France, nous avons la meilleure édition pour la Jeunesse du monde ! Mais que signifie ce compliment ? Que se passe-t-il chez nous qui ne se passerait pas ailleurs ? Métier après métier, au fil de treize entretiens, "La Revue des livres pour enfants" a tenté de percer le mystère de cet écosystème. Au terme de ce parcours (forcément incomplet), nous aurions pu dédier ce dossier à Jack Lang, tant la loi qui porte son nom se révèle la puissante clef de voûte de notre édifice.

Dans le secteur de l'édition anglo-saxonne, on les appelle les « sensitivity readers ». Ces relecteurs d’un nouveau genre, aux profils très variés, traquent les préjugés ethniques, sexuels ou culturels... Objectif : éviter d'offenser les minorités mais aussi de déclencher des polémiques sur les réseaux sociaux. Le métier, considéré par certains comme une forme de censure, fait une percée timide en France.

En 1857, George Sand, considérant certains écrivains de son temps lésés par leurs éditeurs, suggéra à son secrétaire Emile Aucante de leur servir d'intermédiaire. L'auteure de "La Mare au diable" l'envoya, dans ce but, à Paris, créer l'Agence générale de la littérature, et ce fut la première tentative d'implantation d'agents littéraires en France, nous raconte l'historien de l'édition Jean-Yves Mollier.

Pratique longtemps réservée à l'édition anglo-saxonne, faire appel à un ou une agent·e littéraire est devenu monnaie courante en France. Ce nouveau maillon entre l'auteur·rice et la maison d'édition séduit particulièrement les nouvelles générations, en quête de nouvelles pratiques dans un paysage éditorial en redéfinition. Enquête sur ce phénomène.

En guise de préface à notre classement annuel des plus grands éditeurs français, qui nous raconte la vitalité rassurante des groupes d'édition, nous avons cette année rencontré quatre éditeurs et éditrices que nous considérons comme grands, de ceux qui se sont usés les yeux sur des manuscrits et ont su inscrire leur (s) histoire (s) dans la durée grâce à une foule de bonnes décisions. Aussi leur déroulons-nous ce tapis rouge de papier. Sommaire. Adrian Bosc (Editions du sous-sol) et Stéphanie Chevrier (Editis) : "Nous avons réussi à créer un écosystème qui nous ressemble".