Changement d'époque. La justice a démontré qu'elle peut être aussi sévère pour les puissants que pour les faibles.

Pour ses investigations sur un des avocats de Sirven, la juge vedette de l'affaire Elf risque d'être dessaisie.

La stratégie des avocats, les querelles internes des juges d'instruction et la déliquescence du parquet démontrent l'incapacité de la justice à traiter correctement cette affaire d'Etat.

Condamné en 2001 à six mois de prison ferme pour recel d'abus de biens sociaux, l'ancien ministre des Affaires étrangères vient d'être relaxé par la cour d'appel. Silencieux depuis lors, il a accepté de nous parler à l'occasion de la sortie de son livre "L'Epreuve, Les preuves".

Levée du secret-défense réclamée, demande de moyens pour arrêter Sirven, mandats d'arrêt internationaux lancés sans complexe : le juge Van Ruymbeke adopte une stratégie offensive.

En portant plainte contre son prédécesseur, l'ancien président d'Elf a engagé un processus qui a conduit à sa propre éviction et qui se retroune aujourd'hui contre lui.

"Une relaxe sinon rien", réclame l'ancien ministre des Affaires étrangères, qui se dit prêt à affronter ses juges dans un procès à hauts risques pour toutes les parties.

C'est l'homme qui sait tout. Le corrupteur en chef. Le fuyard milliardaire qui, comme par hasard, surgit au meilleur moment d'une affaire qui secoue l'Etat.