C'est l'histoire d'un milliardaire émirati, d'un ancien ministre togolais et d'un pétrolier français reconverti dans le conseil. C'est l'histoire d'une arnaque tellement grosse qu'on se dit que personne n'y croira. C'est l'histoire d'un scandale à 48 millions de dollars, qui, le 15 septembre 2012, a ramené Loïk Le Floch-Prigent derrière les barreaux, à Lomé. Enquête.

Il a dirigé Rhône-Poulenc, Elf, Gaz de France et la SNCF avant de connaître l'opprobre du procès et les affres de la prison. Grandeur et décadences d'un patron aujourd'hui pestiféré.

Changement d'époque. La justice a démontré qu'elle peut être aussi sévère pour les puissants que pour les faibles.

Trois personnages murés dans leur logique, prêts à tout pour régler leurs comptes. C'est l'affaire Elf telle que la racontent deux journalistes, Valéry Lecasble et Airy Routier, dévoilant dans les moindres détails cet affrontement entre le juge Eva Joly, l'ancien PDG d'Elf Loïk Le Floch et son successeur Philippe Jaffré...

Longtemps Philippe Jaffré n'a pas bronché. Puis agacé par les rumeurs, hanté par la figure de Loïk Le Floch, son prédécesseur, le nouveau PDG d'Elf a voulu nettoyer le passé...

Les soutiens à Maurice Bidermann, les "libéralités" accordées à une ancienne épouse, les billets d'avion, les appartements... Tout cela a pesé dans la décision du juge Eva Joly de faire incarcérer l'ancien président d'Elf, aujourd'hui à la tête de la SNCF...

En six mois, l'ancien patron d'Elf et de Gaz de France - dont tout Paris attend la mise en examen prochaine - a plus obtenu du gouvernement et des syndicats que ses prédécesseurs. La SNCF se reprend à espérer...

Un PDG corrompu, justement dénoncé par son successeur et confondu par un juge impartial ? Tout n'est pas si simple : la durée et les conditions dures de détention infligées à l'ancien patron de Rhône-Poulenc, d'Elf, de GDF, enfin de la SNCF commencent à susciter une certaine gêne, y compris dans les milieux judiciaires...

Jadis protégé de Mitterrand, l'ancien président de Rhône-Poulenc, d'Elf et de Gaz de France a su se faire apprécier de Pasqua et de Chirac. Nommé à la SNCF pour y éteindre l'incendie, Loïk Le Floch-Prigent est-il l'opportuniste sans foi ni loi que décrivent ses ennemis...

L'ex-PDG d'Elf, confronté à un dossier bien ficelé et à un président pugnace, reconnaît avoir bénéficié des largesses du groupe et avoir financé des politiques. Après la droite, la gauche.