En Louise Erdrich le sang des Indiens se mêle à celui des immigrés allemands. L'Américaine orchestre un superbe choeur de voix blessées montant du Dakota.

Dans ″La Malédiction des colombes, Louise Erdrich poursuit son exploration de la vie sur une réserve indienne du Dakota. L'occasion de remettre en question les mythes qui ont forgé son pays.

Une fresque familiale de haute voltige.

On redécouvre Louise Erdrich avec la réédition, trente ans après, de son vibrant deuxième roman.

D'ascendance germano-ojibwe, porte-voix de la culture indienne, Louise Erdrich est l'une des figures de la littérature américaine. Aujourd'hui, elle combat sur la terre de ses ancêtres le grand projet d'oléoduc bloqué par Obama, mais récemment relancé par Trump.

D'ascendance amérindienne, la romancière est parfois perçue comme la Toni Morrison des ″native people″, dont elle évoque les destins mutilés. Comme sa consoeur, cette grande styliste ne peut toutefois être réduite à une seule cause.

De romans en poèmes, Louise Erdrich, depuis le succès de ″Love Medicine″ en 1984, écrit une oeuvre originale, haute en couleur, pleine d'histoires de familles dans une réserve d'Indiens du Dakota du Nord. Avec ″La Malédiction des colombes″, elle signe, selon Philip Roth, ″un chef-d'oeuvre éblouissant″.

Peut-on décrire la terre ? Si l'auteur s'appelle Erd-rich, la tâche s'impose. Quel patronyme faut-il octroyer à un personnage censé incarner tout un continent ? Pourquoi pas le prénom d'un explorateur italien du XVIe siècle ? Même s'il risque d'être un peu lourd à porter. Irene America, l'héroïne du ″Jeu des ombres″, sera ainsi chargée d'accomplir le destin du pays de ses ancêtres, la véritable Amérique. Elle devient une figure sacrificielle, appelée à se dévoiler, à partager ses mystères les plus intimes, à la fois ceux de sa Chair et de son Verbe.

De Fitzgerald à Hemingway, de Tennessee Williams à Raymond Carver, les grands écrivains américains honorent le genre de la nouvelle et en publient dans "The New Yorker", "Harper's" ou "Atlantic Monthly". Louise Erdrich ne fait pas exception et nous offre, cette fois encore, un choix inédit qui fait suite à "La Décapotable rouge" (2012), des textes écrits de 1978 à 2008 et la plupart du temps laissés tels quels : une genèse de trente ans pour ce recueil remarquable par sa profondeur humaine et la beauté de son verbe.