Fin observateur de l'histoire récente de son pays, le cinéaste a été traumatisé par l'assassinat, en 1978, de l'ex-Premier ministre Aldo Moro. Dans une série, il éclaire la faillite politique responsable de ce drame qui hante encore l'Italie.

Que fait un homme d'État après avoir attisé les flammes qui ravagent son pays ? Il rentre à la maison se faire cuire un œuf. Ainsi retrouve-t-on le président de la Démocratie chrétienne Aldo Moro (Fabrizio Gifuni) dans le premier épisode d'"Esterno notte" : pris entre deux feux, l'un public (le discours qu'il prononce devant un auditoire tendu), l'autre domestique (la petite poêle où crépite l'œuf au plat).

Marco Bellocchio appartient au comité restreint de la« Génération 60 », à laquelle nous avions consacré un dossier à la fin de 2019 (voir no 705). Étonnant de vitalité et de créativité à 83 ans, il consacre, dans "Esterno notte" pas moins de cinq heures de film à l'enlèvement et à l'assassinat d'Aldo Moro, l'un des grands traumatismes de l'histoire italienne de la seconde moitié du XXe siècle.

Le grand cinéaste italien Marco Bellocchio signe une série extraordinaire sur l'enlèvement et l'assassinat d'Aldo Moro.

Quel chemin peut emprunter la fiction pour aborder le meurtre, par les Brigades rouges, de l’un des plus illustres hommes politiques de l’Italie d’après-guerre? Il y a près de vingt ans, le réalisateur Marco Bellocchio mettait en scène le côté «intérieur» du rapt. Sa récente minisérie sur le même sujet repose sur un autre credo. La réalité est restituée pour ce qu’elle est : une succession d’illusions ou de folies.

En 1978, les Brigades rouges enlèvent et tuent Aldo Moro, président du plus puissant parti politique italien. Et s’il avait survécu ? Le cinéaste Marco Bellocchio rebat les cartes dans cette brillante série à six voix.

Dans une série au souffle shakespearien, le réalisateur italien revisite un traumatisme national : le rapt et l'assassinat d'Aldo Moro, le leader de la Démocratie chrétienne, à la fin des années 1970. Rencontre.