Au Mont-Rigi, en plein cœur de la réserve naturelle des Hautes Fagnes, la station scientifique de l'université de Liège fête ses 100 ans d'existence cette année. Un siècle d'activités qui a vu plusieurs générations de chercheurs œuvrer pour les mêmes buts : comprendre et protéger les milieux fagnards, transmettre leurs connaissances et leur passion pour ce lieu singulier

Depuis fin 2023, Laurane Winandy est la nouvelle directrice de la station. Nouveau profil, nouvelles perspectives, nouvel élan. Cédons-lui la parole

Il est reconnu légitimement que Léon Fredericq fut le premier à proposer une explication scientifique à l'originalité des milieux fagnards. Ce n'est pas pour autant que cette originalité n'avait pas été remarquée avant lui. Au début du 19e siècle, elle est déjà notée par trois botanistes de renom Alexandre Louis Lejeune, Marie-Anne Libert et Augustin-Pyramus de Candolle

Les milieux évoluent, les paysages changent. Chacun en convient assez naturellement, tant que c'est envisagé sur le long terme. Cela devient moins évident lorsqu'on fait référence à un passé proche. Or, c'est manifeste, les paysages des Hautes Fagnes d'aujourd'hui sont bien différents de ceux que contemplait Léon Fredericq

Aborder la question de l'évolution de la perception des paysages fagnards, c'est pénétrer dans le domaine de l'émotionnel. Le but n'est plus de déterminer leur état objectif, mais de retrouver le ressenti de ceux qui les contemplaient. une transition est notable entre la seconde moitié du 19e et le début du 20e siècle : l'image d'abord rebutante devient plus positive avec de nets accents romantiques et exotiques. Pourtant, l'aspect des paysages ne change pas radicalement durant cette période

Lorsque l'on évoque les tourbières des Hautes-Fagnes, il parait indispensable de préciser s'il s'agit des tourbières hautes encore actives ou de tourbières hautes devenues inactives