Après l’assassinat à Rio de Marielle Franco, une élue noire qui se battait pour les communautés des favelas et les questions de genre et de couleur, des jeunes femmes décident d’entrer en politique.

En septembre 2018 est paru chez un éditeur français un livre dont voici l’argument : «Femmes noires et afro-descendantes, nous désignons l’Etat français, le “féminisme” blanc dominant et le racisme d’Etat comme des ennemis politiques. Notre seule préoccupation est d’être à la hauteur des idées, des pratiques et de l’héritage qui sont les nôtres : les combats contre la négrophobie, l’impérialisme, l’hétéropatriarcat et le capitalisme.» «Féminisme noir» contre «féminisme blanc»: voilà à quoi en sont arrivées, aujourd’hui, des activistes d’extrême-gauche.

Au-delà de l’autodéfense, un mouvement grandissant de femmes noires et afrodescendantes oppose un contre-récit au roman national français qui les efface constamment.

Elles sont jeunes, elles sont noires et revendiquent leurs racines et leur féminité. Celles qu'on qualifie d'afroféministes sont l'un des nouveaux visages de cette France travaillée par les questions d'identité. Brocardant une société qu'elles jugent blanche et machiste, elles n'hésitent pas à assumer une forme de communautarisme, prenant à rebours les principes universalistes sur lesquels le pays s'est construit. Autant de questions qui ne pouvaient laisser indifférente l'artiste néerlandaise Viviane Sassen dont l'oeuvre est habitée par l'Afrique.

L'affaire Weinstein a eu des retentissements dans le monde entier, mais le mouvement est resté très limité en Afrique. Le poids des traditions protège encore les hommes. Cela pourrait totuefois être amené à changer.

Alors que les femmes occupaient des postes de pouvoir dans les sociétés traditionnelles, l’arrivée des colons en Afrique a marqué un coup d’arrêt à leur émancipation sur le continent. Aujourd’hui, le féminisme noir se réinvente.

Philosophe engagée, Djamila Ribeiro s'attaque à toutes les discriminations dans un pays où le racisme à l'encontre des Noirs et des populations autochtones reste vif, entretenu par un récit national parcellaire. Portrait.