La crise fait rage, le libéralisme s'ébranle, le capitalisme tremble, mais, comme toujours, Nicolas Sarkozy fait front. En prenant fortement la parole et en faisant des propositions, mais en ne disant pas tout à des Français qui ont plus que jamais besoin d'être rassurés.

La France négocie son retour au sein des structures militaires de l'Alliance atlantique, dont de Gaulle s'était retiré avec fracas il y a quarante-trois ans

La guerre fait rage entre l'Amérique et la France. Leurs armes : des stéréotypes solidifiant les passions nationales et réduisant les peuples à des identités caricaturales.

Pour les Américains, l'attitude de la France est incompréhensible, insupportable. Alors l'administration Bush a décidé de punir l'alliée qui lui a manqué. Rétorsions économiques, représailles pétrolières, sanctions diplomatiques : tout est envisagé. Mais entre-temps Chirac a rallié tous ceux qui s'opposent à l'hégémonie américaine.

Des Américains massacrent une Peugeot à coups de massue ou renversent des bouteilles de vin dans le caniveau ; les consulats sont inondés de lettres d'insultes, tandis que les médias organisent sans états d'âme une campagne antifrançaise. Même les sociétés tricolores installées sur place s'inquiètent.

Comment punir la France pour son opposition à la guerre ? Les sanctions économiques sont difficiles à mettre en oeuvre. Mais l'administration américaine a d'autres idées.

Iran, Syrie, Russie, Israël-Palestine : la diplomatie française semble s'être placée à la remorque des néoconservateurs américains. Réagissant de façon brouillonne aux événements les plus médiatisés, elle y répond par des interventions armées et des leçons de morale. M. Dominique de Villepin, qui inspira l'opposition de la France à la guerre d'Irak, récuse cette orientation générale. Et il suggère un autre cap.

La France ne croit pas au Global Zero, le projet américain de désarmement nucléaire total. Elle refuse de réduire encore ses arsenaux, et surtout de réviser sa doctrine de la dissuasion. Au risque de se retrouver isolée.

Hier, ils s'appelaient VGE, Fabius ou Sarkozy. Aujourd'hui, les leaders de demain détectés par le Programme des Visiteurs internationaux américain s'appellent aussi Ladji, Réda ou Ekoué. Ce ne sont pas les Etats-Unis qui ont changé. C'est la France.

Ils auront l'apparence des alcools français, peut-être aussi la saveur, mais pas l'appellation. En tout cas, les pommes ne pourriront plus au sol dans les vergers de la vallée de l'Hudson.