Dans "Chronos", l'historien François Hartog enquête sur les conceptions du temps qui ont jalonné notre histoire. Il s'inquiète de notre propension actuelle à sanctifier le présent. Mais espère nous en guérir par une connaissance accrue de notre condition historique. Un livre qui fera date.

L'Occident a cru longtemps qu'il y avait une création et une fin du monde avec le Jugement dernier. Puis les Lumières ont installé l'idée d'un futur et d'un progrès sans limites. Mais, depuis cinquante ans, explique l'historien François Hartog, nous vivons surtout dans le présent. C'est ce « présentisme » qui est remis en cause aujourd'hui par le terrorisme, la pandémie et la crainte d'une catastrophe majeure.

Prolongement bienvenu du débat, né dans "l'Obs", entre Pierre Nora et Patrick Boucheron autour de "l'Histoire mondiale de la France", les livres de Jean-Noël Jeanneney, Jean-Pierre Rioux et François Hartog interrogent le récit national.

Les écrits de François Hartog ont vite pris une double direction. Tout d’abord, celle de la Grèce, qui est l’orientation naturelle de l’helléniste proche de Jean-Pierre Vernant et de Pierre Vidal-Naquet ; ensuite, celle qui porte sur les "régimes d’historicité" – une thématique qui ne surprend pas de la part d’un ami de Michel de Certeau –, plus particulièrement sur le "présentisme", considéré comme l’expérience du temps des contemporains. Reste à savoir si celle-ci peut être dépassée ou non, si un autre régime d’historicité se met en place aujourd’hui.

Ces catégories du temps nous semblent évidentes. Leur appréhension et leur articulation ont pourtant considérablement varié selon les époques et les sociétés. Pour François Hartog, la scène inaugurale se trouve dans Homère.

Dans son dernier livre, François Hartog poursuit sa réflexion sur le temps. Les Pères de l’Eglise l’aidant à éclairer d’un jour nouveau notre présent si incertain et nos angoisses contemporaines.