"L'Express" a rencontré le duo Bacri-Jaoui, qui revient avec "Place publique", conte moral sur l'air du temps. Portraits décroisés.

Bonne nouvelle : "Aurore" est une comédie très réussie, qui sort enfin de l'ombre la femme de 50 ans. La vraie, pas retouchée. Et parle sans complexes de la ménopause, mais aussi d'amour et de liberté. Re-bonne nouvelle : cette Aurore voluptueuse est incarnée par Agnès Jaoui. Une rencontre s'imposait...

Ils ont mis plus de temps que d'habitude (cinq ans au lieu de quatre) pour finaliser "Place publique", nouvelle comédie chorale qui aborde les affres de la célébrité à l'ère des réseaux sociaux. Quant Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri ont quelque chose à dire sur la société, on les écoute. En complément, un encart intitulé "Bienvenue chez Jabac".

Il y a quelques mois, Jean-Pierre Bacri faisait feu de tout bois dans "Le Sens de la fête", le petit dernier du tandem Toledano / Nakache. Il y incarnait le patron d'une boîte d'évenementiel chargé du bon déroulement d'un mariage un peu huppé. "Place publique" se déroule également presque exclusivement dans le cadre d'une fête, en l'occurrence une pendaison de crémaillère. Où Jean-Pierre Bacri prête ses traits à un animateur radio sur le déclin. Et c'est justement son statut que le film va interroger, entre autre.

L'enfance à Sarcelles, les étés dans un kibboutz... L'actrice se livre comme rarement alors que sort un film qui fait écho à son vécu. L'image des femmes au cinéma ? Encore trop cliché pour celle qui revendique sa « normalité ».

Une femme se rend compte subitement qu'elle et son fils pourraient bien être les derniers juifs de leur cité, et décide de partir; Tel est le pitch du Dernier des Juifs, la nouvelle comédie de Noé Debré. Un film dans lequel Agnès Jaoui joue la mère, et un bon point de départ pour aborder avec elle plusieurs sujets brûlants de l'époque.

Attention, comédie audacieuse. Et très réussie. Noé Debré, sorte de fils spirituel de Woody Allen, y conte l'histoire d'un jeune homme juif, vivant seul avec sa mère, dans une banlieue française gangrenée par le communautarisme et le racisme qui va avec. Rencontre avec le cinéaste et son actrice principale, Agnès Jaoui.

Avec "Ma vie, ma gueule" de Sophie Fillières, Agnès Jaoui trouve à exprimer pleinement son abattage comique, tout en ambivalence et disruption. Elle nous parle de ce rôle tragicomique et de sa relation avec la cinéaste, disparue après le tournage, mais aussi de son enfance, des blessures narcissiques qui ont jalonné sa vie, de Patrice Chéreau, d'Alain Resnais ou encore de politique. Et bien sûr de Jean-Pierre Bacri.

Dans "le Dernier des juifs", de Noé Debré, tragi-comédie contemporaine narrée comme une fable biblique dont la sortie rencontre la guerre israélo-palestinienne, elle incarne une mère juive acharnée à quitter sa banlieue. Rencontre avec une actrice adepte de la nuance.

Alors que sort le film posthume de Sophie Fillières, Agnès Jaoui évoque sa carrière débutée sur les planches à l'orée des années 90 et livre sa vision sur l'époque, aussi tranchante que précise.