Avec "L'esquive", il tourne en 2004 un film phénomène et magnifique sur les banlieues. "La Graine et le mulet" son troisième long métrage, confirme la place essentielle qu'occupe Abdellatif Kechiche dans le cinéma français.

Il est arrivé en France à 5 ans et à l'entretien en courant - à cause d'un léger retard dont il s'est excusé mille fois. Entre les deux, Abdellatif Kechiche a eu plusieurs vies. Il a connu la cité, le racisme, les affres du comédien, les années de galère et, enfin, comme réalisateur, la reconnaissance et le succès, mérités, avec ″L'Esquive″ et ″La Graine et le mulet″.

Avec ″L'Esquive″ et ″La Graine et le Mulet″ Abdellatif Kechiche est devenu le champion d'un cinéma français au réalisme solaire, directement branché sur le contemporain. En remontant au XIXe siècle pour raconter l'histoire de la Vénus hottentote, il revient aux racines des maux d'aujourd'hui : racisme, rejet de la différence, exploitation sexuelle des minorités.

La triple Palme d'or arrive (enfin) sur les écrans. Le temps n'est plus aux polémiques. Entretien au long cours avec le réalisateur de « La Vie d'Adèle », Abdellatif Kechiche, blessé par toutes ces attaques mais recentré sur ce qui l'habite : le travail, la relation aux acteurs, la puissance d'exploration du cinéma.

Ample et généreux, "La Graine et le Mulet" d'Abdellatif Kechiche (Prix spécial du jury à Venise 2007) déploie le tableau vivant d'une famille d'origine maghrébine, agitée de colères et de querelles, mais unie derrière le père, Slimane.

Rarement film avait autant fait l'unanimité au festival de Cannes. En mai 2013, la projection de ″La Vie d'Adèle, chapitres 1 et 2″ a été comme un raz-de-marée sur la Croisette, réunissant critiques et festivaliers dans un même élan enthousiaste. Quelques mois plus tard, c'est avec autant de passion que se revoit cette oeuvre majeure dont on n'a pas fini de percer les secrets.

Huit ans après le film de Mathieu Kassovitz, Abdellatif Kechiche signe "L'Esquive", une comédie qui torpille les clichés inhérents à la banlieue. L'énergie du langage, Marivaux, l'ambivalence amoureuse et une poignée de jeunes comédiens inconnus y crèvent l'écran.

Dans ″Vénus noire″, Abdellatif Kechiche montre l'horreur dont les hommes sont capables. Au XIXe siècle, ils arrachèrent Sarah Bartman à son Afrique du Sud et, sous le nom de ″Vénus Hottentote″, exposèrent ses ″grosses fesses″ à Londres et à Paris. Le cinéaste de ″La Graine et le Mulet″ explique ici sa démarche.

Pour ″La Vie d'Adèle″, le cinéaste a reçu la palme d'or à Cannes et aussitôt il a été accusé par ses actrices et techniciens d'être un ″tortionnaire″. Il s'explique enfin.