Pour les commentateurs anglo-savons, l'émoi suscité par le récit autobiographique de Vanessa Springora témoigne des vieilles contradictions d’un pays qui est décidément une exception culturelle.

A la veille de la parution du livre "Le Consentement", le 2 janvier 2019, le monde littéraire français est soudain gêné. L’auteure, l’éditrice Vanessa Springora, y raconte sa relation traumatisante, à 14 ans, avec l’écrivain Gabriel Matzneff, de trente-six ans son aîné. Durant les années 1970 et 1980, cet écrivain brillant aux pratiques pédophiles assumées était encensé à Saint-Germain-des-Prés et paradait chez Bernard Pivot. Primé en 2013, il a longtemps joui d’une certaine complaisance qui se mue aujourd’hui en omerta au moment où une autre époque vient lui demander des comptes.

C'est un conte noir des années soixante-dix. Un conte vrai, "Le Consentement", récit autobiographique de Vanessa Springora, raconte comment une jeune adolescente s'est retrouvée dans le lit d'un célèbre écrivain amateur de toutes jeunes filles et garçons prépubères, écrivain encensé par beaucoup et pendant longtemps. Radiographie d'une adolescence détruite par la perversité d'un homme, et d'un milieu familial et culturel très complaisant.

Ce fut un séisme dès janvier : son récit, "Le Consentement", racontait comment elle était tombée, à 14 ans, sous l'emprise du pédocriminel Gabriel Matzneff, écrivain encore protégé de tous-tes. Un geste fort et politique.

Publié il y a trois ans, son livre "Le Consentement", sur sa relation avec Gabriel Matzneff, a puissamment résonné au sein de la société. Alors que son témoignage est aujourd'hui adapté au cinéma, l'autrice et éditrice entend tourner la page de ce douloureux passé.