Rassemblés en un seul volume, les meilleurs romans de Patrick Modiano révèlent encore davantage ses obsessions. Ou comment l'auteur n'écrit pas par nostalgie du passé, mais pour s'en débarrasser.

Un Modiano, encore un Modiano ! Diront les mauvaises langues. Eh bien non ! C'est du très grand Modiano que ce roman très sombre, sur le Saint-Germain-des-Près perdu, le temps qui passe, le suicide.

Jeudi 9 octobre 2014 restera comme une date capitale dans l'histoire de la littérature française. Ce jour-là, un peu avant midi, alors qu'il se promène dans son quartier, non loin de la place Saint-Sulpice, à Paris, Patrick Modiano apprend que le prix Nobel de littérature vient de lui être attribué. Il est le quinzième écrivain français à recevoir la plus haute distinction littéraire. Six ans après J.M.G Le Clézio...

C'est à une oeuvre de "l'intranquillité", à une "sentinelle" que le prix Nobel de littérature a été attribué cette année 2014 ; à un "gardien des traces", celles d'une époque qui forme l'univers de ses romans et qui va de la fin de l'Occupation jusqu'au début des années 1950. Bien mieux qu'une protestation ouverte ou qu'une dénonciation, le sentiment de peur diffuse, d'une angoisse latente qui pénètre les vies perpétuellement "sur le qui-vive" des personnages de Modiano, qu'ils soient coupables ou victimes, est un témoignage, au sens fort du terme - et pas seulement de la littérature...

Le nouveau roman de Patrick Modiano est une plongée splendide dans un Paris aujourd'hui disparu.

Voilà presque quarante ans que Patrick Modiano traque, à travers ses romans, les spectres des années noires. Dans "Un pedigree", publié en janvier 2005, il a pour la première fois dévidé son curriculum vitae. Pour "L'Histoire" exclusivement, l'écrivain a accepté d'en parler.