Reine des contes à mi-chemin du fantastique et du réalisme, Yôko Ogawa s'est imposée comme une grande voix de la littérature japonaise. Elle revient avec « Le Petit Joueur d'échecs », fable sur un entant défiguré, virtuose des échecs, que son talent mène sur les sentiers les plus troubles de la société japonaise.

Exercer ce métier- "impossible" selon Freud - de psychanalyste, c'est tendre son oreille et ses perceptions vers la présence de l'inconscient, vers les ressorts de la créativité, vers les modalités - étranges parfois - de la survie psychique. Supposons que cette orientation de l'attention infiltre tout le rapport au monde, aux autres, à l'art et à la littérature, au politique... Nos lecteurs discerneraient et partageraient peut-être, dans cette page à paraître un numéro sur deux, ce cheminement particulier.

Avec plus d'une vingtaine d'ouvrages, traduits en France, Yôko Ogawa a construit une oeuvre subtile et intrigante, entre douceur et cruauté. Dans ″Le Petit Joueur d'échecs″, elle dépeint avec grâce la relation entre un jeune garçon et son maître. Mais ce qui est au coeur de ce beau roman, c'est la vivacité du souvenir des morts.

La psychanalyste Joëlle Roseman analyse comment le passé, le deuil, la mort s'inscrivent dans la banalité de l'existence dans les écrits d'Ogawa Yoko, écrivaine japonaise auréolée de nombreux prix littéraires dans son pays, à l'aide d'une écriture précise, poétique et très sensorielle.