Charles Dantzig est allé admirer, au Grand Palais, la rétrospective consacrée au ″peintre littéraire″.

Ces deux peintres de la modernité créent l'événement du printemps.

Le Grand Palais fait la lumière sur les ″Noirs″ d'Odilon Redon : redécouverte d'un artiste marginal.

Des noirs les plus profonds aux éclats les plus colorés, l'oeuvre d'Odilon Redon (1840-1916) reste encore trop méconnue. Elle est pourtant l'une des plus prospectives en matière de modernité. Rétrospective au Grand Palais.

Se soumettre à ℗la venue de l'inconscient®, disait-il, mais aussi puiser dans le grand livre de la nature : un darwinisme fin-de-siècle imprègne les oeuvres d'Odilon Redon exposées au Grand Palais.

Dans le cadre de la rétrospective Odilon Redon, Francfort expose ses "noirs". Après Goya, ces sombres fusains donnent chair à de nouveaux monstres et chimères de papier.

Connu pour ses fusains, le peintre a effectué un tournant radical dans les années 1890 en délaissant la noirceur du charbon pour des huiles et aquarelles lumineuses. La fondation Beyeler, en Suisse, célèbre l'explosion chromatique de ce talent avant-gardiste.

Dans les salles où récemment fit florès ″la vogue de l'impressionnisme″ (André Breton), l'oeuvre d'Odilon Redon. Breton encore, dans le même texte, recueilli dans ″Le Surréalisme et la Peinture″, cite ce propos de Redon : ″Le bateau impressionniste trop bas de plafond″. Et Gauguin, qui admirait avec déférence Redon, avançant cette formule : ″Les impressionnistes se cherchent autour de l'oeil et non au centre mystérieux de la pensée.″ Enigmatique, étrange, une oeuvre dont l'auteur voulait que le sens demeurât : ″indéterminé″. Il y a de quoi y réfléchir dans la vaste exposition du Grand Palais.