Bien que la question de la répartition équitable des gains de productivité soit posée depuis des années, les gouvernements européens ne cessent de privilégier un allongement de la durée des cotisations comme moyen de financer les retraites.

Le Premier ministre n'a pas su - ou pas voulu - s'attaquer à la réforme du système des retraites. Elle est pourtant inéluctable, comme le souligne le troisième rapport sur la question qui lui a été remis la semaine dernière.

La réforme Fillon amorce - enfin - une harmonisation entre les retraites des salariés du public et du privé. Mais elle reste muette sur d'importants fossés, qui séparent entre eux d'autres catégories de Français.

Les faits sont têtus : il faut, quoi qu'on dise, réformer notre système de retraite, et cette réforme passe par des sacrifices partagés. On peut encore améliorer le projet. Mais demander un retrait total, c'est jouer l'immobilisme... au détriment de beaucoup de salariés.

Il y a huit jours, l'Elysée semblait calmer le jeu sur la réforme des régimes spéciaux. Soudain, dimanche, le Premier ministre oublie toute précaution : la réforme est prête. Il met au pied du mur les syndicats, la gauche et le président, qui s'exprimera la semaine prochaine.

Les futurs sexagénaires devront-ils choisir entre partir à la retraite avec une pension de misère ou rester travailler jusqu'à 67 ou 70 ans ? Sans doute M. Jean-Pierre Raffarin enrobera-t-il autrement ces projets lors de leur présentation, dans quelques semaines.

Le refus de la réforme ? De l'immobilisme. Blondel ? Il se moque des salariés. Thibault ? Il fait de la polémique politicienne. Le PS ? De la démagogie pure : il aurait fait la même chose que Fillon. Défense et illustration du "réformisme syndical".

Le débat actuel sur la réforme du système des retraites est confronté à une contradiction majeure : on envisage d'allonger la durée des carrières alors que tous les acteurs s'accordent depuis une décennie à réduire la vie professionnelle.

Après l'Unedic, les retraites ... Pour Raymond Soubie, l'échec des négociations fragilise la Refondation sociale qui a jusqu'ici surtout profité au Medef et à la CFDT.

La France, comme tous les pays industrialisés, va se trouver confrontée à un vieillissement démographique rapide mettant en péril l'équilibre de son système de retraite basé, pour les régimes de base comme pour les régimes complémentaires, sur le principe de la répartition.