Comment montrer l'interdit, le réprimé, l'intime, tout ce qui devrait rester caché ? Comment éviter l'écueil de l'obscénité? Réponse : aller voir le dernier Lars von Trier, oublier le dernier Harmony Korine.

En cette rentrée, l'amour semble redevenu l'objet de prédilection ou la valeur-refuge de bien des cinéastes. Mais aussitôt énoncée cette proposition d'une étrange banalité, vient le soupçon d'une différence radicale. De quelle sorte d'amour s'agit-il ? Et de quelle vérité du sentiment nous parle-t-on ?

Trois ans après "Romance", le sexe est partout dans le cinéma français. D'"Irréversible" à "Demonlover", de Brisseau à Nolot, que font nos auteurs de la question du désir et du mal, du plaisir et de la jouissance, de la pornographie et de la représentation.

"La Vie d'Adèle", "Nymphomaniac" et "Love" ont été interdits aux mineurs à la suite d'une action en justice menée par l'association Promouvoir. Ces cas de censure a posteriori menacent la liberté artistique du cinéma.

Aujourd'hui, les scènes d'amour, de plus en plus crues, sont mises au banc des accusés et deviennent une vraie gageure à tourner.

Il y a trois ans, nous consacrions notre numéro d'été à l'érotisme avec une ambition aussi joyeuse que théorique. Pourquoi y revenir ? Parce que dans le cinéma récent l'érotisme reste trop souvent en souffrance : d'un côté la plupart des films s'en débarrassent, par puritanisme, et la chair déserte les écrans à mesure qu'elle envahit Internet ; de l'autre des films récents posent la question du sexe de manière spectaculaire, mais comme un problème - « La Vie d'Adèle », « Nymphomaniac », « The Smell If Us ».

"Shortbus", de John Cameron Mitchell, a interpellé Cannes. Son sujet : le sexe explicite mais jamais pornographique. Débat sur les ébats.

Entre exaltation des sens et embrasement des corps, passage en revue de vingt moments parmi les plus marquant du cinéma hard et essai. Pour votre bon plaisir estival. Et le nôtre, un peu, aussi.