Qui a réellement peint quoi ? Les progrès de l'expertise et les avancées technologiques bouleversent le monde de l'art en réattribuant les oeuvres à leurs véritables auteurs. Parfois après de multiples rebondissements. Démonstration avec l'exposition du maître espagnol au Grand Palais.

Difficile de rivaliser avec la magistrale rétrospective du Musée du Prado à Madrid en 1990. Au Grand Palais, cette première exposition consacrée au maître espagnol en France n'évite pas les écueils. Le travail scientifique dont a fait l'objet l'important corpus dilué par les oeuvres de suiveurs, avec des attributions hasardeuses, tend à laisser le grand public sur le bas-côté.

Malgré ou à cause d'une débauche de moyens, l'expo Velazquez au Grand Palais échoue à rendre la spécificité du génie espagnol.

Peintre du siècle d'or espagnol par excellence, exact contemporain de Van Dyck, Rubens ou Zurbaran, Diego Rodriguez de Silva y Velasquez aura pourtant attendu longtemps sa première exposition monographique en France. Sous l'impulsion de Guillaume Kientz, la RMN propose enfin au public un riche panorama de l'oeuvre complexe de celui qui devint le peintre attitré de Philippe IV dès 1623 et qui fascina tant Manet, Picasso ou Francis Bacon.

Promu à 24 ans peintre officiel du roi Philippe IV, Diego Velzquez (1559-1660) a illustré la fin du Siècle d'or espagnol. Ses portraits de la famille royale comme ceux des bouffons présents à la Cour révèlent un regard sans complaisance mais bienveillant. Des scènes de genre de ses débuts sévillans à la consécration des "Ménines", des toiles d'inspiration religieuse à la célébration de la puissance royale, Velzquez a exercé un art personnel dont la modernité marquera Francisco de Goya, Edouard Manet, Pablo Picasso et Francis Bacon.