Dans Welcome, il prépare un clandestin à traverser la Manche

Welcome de Philippe Lioret, histoire d'un maître nageur (interprété par Vincent Lindon) qui apporte son aide à un sans-papiers, a soulevé une polémique au printemps dernier. Six mois plus tard, le réalisateur n'a pas oublié mais souhaite revenir à l'essentiel : le cinéma

Quinze ans après Tombés du ciel, son dernier long métrage où il interrogeait déjà la question de l'identité et de la nationalité, Philippe Lioret s'intéresse, dans Welcome, à la terrible condition des sans-papiers qui errent à Calais dans l'attente d'un hypothétique départ pour l'Angleterre. Et, même lorsqu'il s'attaque à un sujet aussi engagé, il demeure le cinéaste de la pudeur et de l'intime que nous avons toujours défendu.

Depuis dix ans, les Espagnols se sont habitués ; ils n'y font plus vraiment attention. La phrase d'un correspondant de France 2, commentant il y a peu la découverte de quelques cadavres de clandestins africains échoués sur une plage entre Malaga et Marbella, n'était pas la marque d'un affreux cynisme ou d'une compassion en panne ; simplement la constatation de la banalisation d'une horreur quasi routinière : dix, cinquante ou cent morts de plus, what else, comme dirait Mr Nespresso ? A quoi bon tenir une comptabilité sans fin ?

Le film de Philippe Lioret, plongée dans l'univers des clandestins, est surtout un appel à ce que cesse l'absurde harcèlement contre les bénévoles qui leur prêtent secours

Plongée dans l'enfer de Calais, Welcome frappe fort et fait événement partout où il est montré. Entretien avec le réalisateur, Philippe Lioret