La Maritimisation de l'économie vietnamienne
Bulletin : Hérodote 157 - avril 2015
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17 p. / p. 39-55
Après presque une décennie d'accalmies (2000-2008) les tensions en mer de Chine méridionale, ou mer Orientale pour les Vietnamiens, ont repris ces dernières années. La nature et les modalités du conflit ont cependant changé car le Viêt Nam ambitionne désormais de devenir une puissance maritime d'Asie du Sud-Est continentale. Longtemps uniquement perçu comme une faille du système de défense vietnamien, l'espace maritime apparaît depuis le lancement du Doi Moi comme une ressource trop longtemps négligée. Ainsi, alors que jusqu'à la fin des années 1990, le gouvernement vietnamien n'abordait les questions maritimes que sous l'angle de sa politique irrédentiste en mer de Chine méridionale, il développe désormais une stratégie volontariste de valorisation des ressources maritimes de son territoire : passage de la pêche côtière à la pêche hauturière, exploitation de champs pétrolifères au large de ses côtes ou encore politique d'insertion dans le trafic maritime mondial conteneurisé par la création de ports en eaux profondes. Enjeux économiques, nationalistes et stratégiques se rejoignent désormais. De ce fait, pour comprendre la nature des tensions entre le Viêt Nam et la Chine, il est tout autant nécessaire de saisir la spécificité des enjeux économiques maritimes que d'analyser l'évolution de la stratégie militaire maritime vietnamienne. Ce qui n'a pas réellement changé en revanche, c'est l'alternance entre phase de frictions, de négociations et d'avancées diplomatiques dans les relations entre le Viêt Nam et la Chine. Cette ambiguïté des relations entre le Viêt Nam et la Chine est bien visible dans la gestion différente entre d'un côté les espaces maritimes insulaires (Paracels et Spratleys) qui demeurent des lieux des frictions et de l'autre le golfe du Tonkin où la délimitation officielle de la frontière maritime a abouti à la création d'une Zone commune de développement.