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Marco Ferreri, poète cynique

Bulletin : Positif 742
01 décembre 2022
Auteurs
Numéros de page :
pp.90-94, 96-111
Au dernier plan de "La Grande Bouffe" hurlent des chiens. C'est une étymologique profession de foi cynique que livre Marco Ferreri au terme de son film le plus célèbre. Pour le Diogène du cinéma, l'homme erre tel un chien (kunos, en grec) dans un monde sans idéal, avec pour seul but la satisfaction malaisée de ses désirs et pour seul avenir la dissolution dans le rien. Son oeuvre ne capte que des lambeaux de désamour et de vide sur un torchon tendu aux quatre coins qu'on nomme l'écran. Alors oui, Ferreri provoque et exagère, dérange et rebute. Mais qu'il est beau, aussi, son hurlement désespéré... Plutôt que d'évoquer les scandales de naguère, ce dossier se propose de relever la poésie triste qui parcourt la filmographie du cinéaste italien, depuis les comédies à la tendresse étouffée des années madrilènes jusqu'aux essais érotiques les plus sombres ("La Dernière Femme", "Journal d'un vice"...), en passant par le rêve américain diffus ("Rêve de singe", "Conte de la folie ordinaire"... ) et l'obsession pour une mer ("La Semence de l'homme", "Uza"...) à la fois idyllique, létale et éternelle. Sommaire. Ci-gît la tendresse impossible. Salamanque, Ombrie. "La Grande Bouffe". "Pourquoi j'ai fait un film psychologique" : entretien avec Marco Ferreri. S'aimer dans des draps sombres. Marco Ferreri et les Etats désunis d'Amérique. Robinsonnade et utopie.