Professeur, philosophe, romancier, peu importe l'étiquette disciplinaire qui lui est attribuée, ce qu'Umberto Eco a le mieux incarné, c'est le fait qu'avoir des idées est de l'ordre du comique. Si penser, c'est comme rire, rire n'est-il pas une manière de régler ses comptes avec la mort ?

Nul ne peut esquiver la question "M'aime-t-on ?". Nul ne peut prétendre ne se l'être jamais posé, ni se désintéresser de la réponse - parce que nul humain ne peut supporter sans défaillir l'hypothèse d'être sans être aimé, au moins à titre de possibilité.

Dans cette contrainte du confinement, nous voici obligés de repenser l’ensemble de nos relations et de nos actions. Bien des préoccupations de notre vie apparaissent alors secondaires et les questions essentielles que nous évitions se posent de façon pressante. La lecture de Pascal, qui nous invite à savoir rester seul en repos dans une chambre, si elle ne nous console de rien, nous éclaire sur ce que nous fuyons et sur ce qui nous manque.

Lorsque nous avons rencontré Jean-Louis Etienne pour la première fois, nous nous sommes dit que c’était curieux de le voir en vrai. Parce que, généralement, les gens qu’on admire finissent par devenir un peu abstraits, un peu irréels. Et puis aussi parce qu’un explorateur des pôles, cela semble à peine croyable, à peine possible. Depuis cette première rencontre, il s’est passé le confinement : nos espaces se sont rétrécis. Nous n’avons alors cessé de penser à lui et à l’exploration, parce que le monde nous était interdit.

Le neurobiologiste Alain Prochiantz décrit la place des humains dans l’histoire des espèces animales, et ce qui nous différencie des autres animaux. A l’encontre de la montée de certaines revendications antispécistes, il estime que l’on ne peut pas placer les humains au même rang que les autres animaux, en raison de leurs capacités cognitives et linguistiques sans équivalent. L'interview se poursuit par l'article intitulé "Le visage de l’animal". Sur le site Cairn : utiliser la navigation article par article pour consulter l'intégralité du dossier.

La philosophe en a assez des "petits bonheurs" dont notre époque est férue. Et le fait savoir dans un livre, "un bonheur sans mesure". Pourquoi réduire notre champ de vision ? N'y a-t-il pas des idéaux plus vastes à viser ?

Nous prétendons ne pas y croire... et pourtant nous ne pouvons pas nous empêcher de le consulter. A quel besoin répond l'horoscope? La réponse se situe peut-être davantage dans les écrits des philosophes que dans les astres.

Nous fêterons prochainement l’anniversaire de la naissance de Blaise Pascal. Mais savons-nous exactement qui est cet auteur du Grand Siècle ? un chrétien ? un janséniste ? un moraliste ? un pourfendeur sombre et désespérant de la vanité et de la comédie humaines ? Si nous tentions de lire autrement les "Pensées" de Pascal pour y découvrir une philosophie ni tragique ni secondaire, ni convenue ni soumise, mais profondément originale et inclassable. Pascal n’appartient à aucune école, ni à aucune chapelle.

Depuis quatre cents ans, Molière fait rire. De qui rit-on ? Des dévots, des avares, des hommes, des femmes, des nobles, des bourgeois, de tout ce que l’homme compte de ridicule, de vaniteux et de lâche, de tout ce qui nous fait courir et désirer sans relâche. Molière ne nie pas le tragique de nos existences, mais prend le parti d’en rire. La lucidité, chez lui, est joyeuse. C’est une philosophie que délivre le comique, plus puissante, plus vraie que celle des philosophes des universités et des penseurs de salons.

L’année 2020 fut riche en commémorations du général De Gaulle, de sa naissance (1890) et de sa mort (1970) à l’appel du 18 juin 1940. Plus qu’un héros de la Résistance, il fut un oracle et un homme de discours qui a reconstruit la souveraineté et l’indépendance de la France à partir de sa parole et de ses écrits. Au moment où la nation est très divisée, que reste-t-il de cet héritage gaullien dont se réclament de nombreux politiques ?

Penseur et conteur du "grand récit" du monde, Michel Serres relève qu'il est fait de commencements imprévisibles. Vivre dans la contingence fait apparaître le rôle de la liberté. Un des commencements les plus significatifs est la naissance virginale du Christ.

Foi et raison, philosophie et théologie : le monde des idées s'organise autour de ces oppositions. Le philosophe Jean-Luc Marion propose d'en comprendre le sens et les enjeux. Car il se pourrait que l'on soit confronté de nos jours à une crise de la raison dont la foi serait la première à pâtir.

Combien d'idées reçues associent le christianisme à une ascèse culpabilisante et à l'esprit de sérieux ? Rien n'autorise vraiment une telle identification entre foi et refus du plaisir. Et l'humour en spiritualité demeure le meilleur garde-fou contre un certain puritanisme.

Il fut un temps sévère, où la morale exigeait de faire son devoir quoi qu'il en coûte. L'impératif catégorique de Kant, qui demande d'agir par devoir quelles que soient les circonstances, a désormais une traduction nouvelle : agis toujours en vue d'être heureux. Aujourd'hui, celui qui ne connaît pas le bonheur n'existe pas véritablement.

Il ne suffit pas de dire que « j'ai un corps », mais « je suis mon corps ». Cette formule de Nietzsche convient paradoxalement, et parfaitement, au Christ dans le « ceci est mon corps ». Dans l'eucharistie, le Christ vient habiter ce chaos de mon corps, de mes passions et de mes pulsions que je vis sans pouvoir les dire.

Rémi Brague revient sur les grands thèmes de son oeuvre : les rapports entre la philosophie et la théologie, l'actualité de la philosophie médiévale, les Dieu des philosophes... A partir d'une relecture de l'idée nietzschéenne de la mort de Dieu, il esquisse la spécificité de la tâche de la métaphysique : nous dire pourquoi la vie vaut la peine d'être donnée.

Descartes est avant tout un réformateur. L'éducation à la liberté de penser qu'il propose commence par le doute. Mais il ne tourne pas simplement le dos aux traditions et aux maîtres, dans un geste d'émancipation. Il vise, dans une soif de vérité, à nous affranchir des préjugés et de notre tempérament de suiveur par le biais de la méditation. Descartes est l'inventeur de la méditation en philosophie.

Saint Augustin est à la mode. Sans doute la lecture de ses textes par Gérard Depardieu explique-t-elle ce succès.