Racolage passif, pénalisation du client, procès du Carlton : la prostitution fait couler beaucoup d'encre. Politiques et médias, "consommateurs" et farouches adversaires, tout le monde a son mot à dire. Son avis autorisé - péremptoire le plus souvent. Et si on écoutait d'autres voix ? Plus complexes, plus subtiles et nuancées. Non, pas celles ensorcelantes des geishas, mais celles de la littérature. Des écrivains. Qui font sauter les routines mentales, inventent si on ose dire de nouvelles positions. On est allé débaucher Daniel Mendelsohn, William T. Vollmann, Simon Liberati, Thomas A.

Dans notre monde 2.0, des énergumènes de tout poil croient encore aux vertus de la revue. On a rencontré les fondateurs de quatre nouvelles revues pour en savoir plus. Alors, à quoi bon ?

Jean Birnbaum est le nouveau rédacteur en chef du "Monde des livres". Pour "Transfuge", la personnalité importante ce mois-ci.

Avec « Les Lisières », le bourdieusien Olivier Adam livre un parfait lamento autofictionnel. Un écrivain quadra bobo, quitté par sa femme, revient chez ses parents agonisants. Histoire prétexte à réflexion sur la lutte des classes et sur l'étrangeté au monde.

Avec « Rue des voleurs », Mathias Enard confirme son talent d'écrivain et son statut d'auteur politique. Cette fiction ose aller sur les chemins glissants de l'islam à travers l'histoire d'un jeune immigré marocain, avec en toile de fond, les révolutions arabes et la crise espagnole. Un des meilleurs romans de la rentrée.

A la veille de la Prohibition, Paul Morand est ébloui par New York, dont il pressent l'inéluctable émancipation. Pour la ville qui s'invente, le diplomate écrivain renouvelle la littérature de voyage. Attention, « New York » est un chef-d'oeuvre.

Dans son dernier roman, ″De là, on voit la mer″, Philippe Besson pose son héroïne, écrivain et solitaire, dans un port d'Italie. Pour ″Transfuge″, il évoque les figures et les lieux de passage qui comptent pour lui.

Venise sera toujours Venise. L'éditeur Samuel Brussell nous offre un pur moment de plaisir avec « Métronome vénitien ». Récit de son évasion dans la cité des Doges.

Avec son "Journal d'un mythomane", Nicolas Bedos signe un recueil de chroniques et de nouvelles sur les people. Electrique et brillant.

Charles Dantzig dirige une des meilleures collections de semi-poches, "les Cahiers rouges", chez Grasset. "Transfuge" a voulu en savoir plus.

Dans "Vies potentielles", Camille de Toledo imagine des destinées dans notre société où le vertige domine. Un roman philosophique sur le mal et sur la nécessité mystique d'en sortir.

″Transfuge″ invite Christophe Bourseiller à retrouver la mémoire, nourrie de quelques livres, revues et disques, à la faveur de la parution d'un ouvrage qu'il co-dirige, ″Contre-cultures !″ (CNRS éditions) Les deux pieds dans l'underground.

Il aurait voulu être écrivain, et a fini par écrire le journal de sa vie, ce « Vie rêvée », par défaut. Une vie pas comme les autres pour Thadée Klossowski de Rola, fils de Balthus et neveu de Pierre Klossowski, qui côtoya Yves Saint Laurent, George Bataille ou Ezra Pound. Mémoire retrouvée d'un paresseux.

"La Ballade de Rikers Island", le roman de Régis Jauffret, est pris depuis sa parution dans la tourmente judiciaire. Peu importe pour "Transfuge" qui s'interroge, à partir de ce livre, sur les mille manières de faire récit d'un scandale. De Dostoïevski à Truman Capote, de Marguerite Duras à Laurent Mauvignier, les scandales se racontent et se mettent en scène dans la littérature. Qu'il s'agisse d'un double meurtre, d'une émeute dans un stade ou d'une condamnation à mort, chaque écrivain a sa manière de s'emparer du fait divers et de son écho médiatique.

Il a été adoubé d'une Palme d'or pour son "Winter Sleep" lors du dernier Festival de Cannes. On le tient aux côtés de Weerasethakul, Hong Sang-soo et consorts, pour un des fers de lance d'un cinéma d'auteur contemporain et ambitieux, voire réputé "difficile". Peut-on réduire Nuri Bilge Ceylan à des étiquettes hâtives ? "Winter Sleep" sortait ce mois d'août 2014, c'était l'occasion rêvée pour tenter de dessiner des lignes de force et réviser quelques idées reçues au fil de ce dossier. Et capter un regard complexe, où la cruauté se tempère de comédie : un regard de cinéaste.

Directrice éditoriale de 10/18 depuis un peu plus d'un an, Carine Fannius trace la ligne d'une maison de référence pour les poches et les inédits.

Abel Ferrara, Réalisateur de l'inoubliable ″Bad Lieutenant″, revient avec un film sur l'Apocalypse, ″4h44, dernier jour sur terre″ (voir critique p.46). Un magnifique film de couple sur fond de destruction imminente de la planète. Rencontre avec le mythique réalisateur new-yorkais, de passage à Paris, entre Perrier et café.

Noël est là, son sapin, ses cadeaux. Marre d'offrir le Goncourt ou la énième réédition des ″Tontons flingueurs″ ? Osez les modern classics, ces oubliés de la postérité artistique. La littérature et le cinéma regorgent d'oeuvres qui mériteraient le titre de classique, remplissant tous les critères pour figurer au Panthéon de la culture.

Avec The Limits of Control, Jim Jarmusch signe un film sur un tueur à gages à travers l'Espagne. Une odyssée formaliste convaincante.

Alain Fleischer vient de publier Courts-circuits, un voyage en Europe mêlant fiction et autobiographie. L'occasion de revenir sur la question de l'antisémitisme de Jean-Luc Godard.

Le père du Parrain et d'Apocalypse Now revient en beauté avec Tetro, une sombre histoire familiale aux terribles secrets. L'occasion pour Transfuge d'interroger le cinéaste sur son parcours et sur son oeuvre. Rencontre avec le maestro de Hollywood pour son nouveau chef-d'oeuvre.

Un livre qui cogne. Dans ″Fassbinder, la mort en fanfare″, Alban Lefranc ressuscite le génial révolté Fassbinder. En images, son auteur nous fait partager les souvenirs qui lui sont chers. De Mohamed Ali à son admiration pour le cinéaste allemand, en passant par Jean Eustache.

L'écrivain et éditeur Daniel Arsant sonde sa mémoire et se souvient à partir de quelques images. Exercice à la faveur de la parution de son dernier livre, ″Que Tal″.

Roman d'une révolte, ″Si tout n'a pas péri avec mon innocence″ donne voix à une adolescente cherchant à survivre au chaos du foyer familial. Emmanuelle Bayamack-Tam affirme sa puissance littéraire. Explosif.

Un roman de voyages signé Dantzig, devient un traité de plaisir et d'érudition : ″Il n'y a pas d'Indochine″ nous mène en vingt-cinq histoires du Caire à Strasbourg.

Pas de morgue pour le polar : il est plus vivant que jamais. Les stars du genre comme James Ellroy sont toujours vertes, et une foule d'écrivains talentueux se bousculent au portillon, de Rafael Reig à Marin Ledun, en passant par Arnaldur Indridason. Un sacré gang, bariolé et cosmopolite, dont "Transfuge" a sélectionné les meilleurs représentants, du white trash à la française au thriller d'espionnage, avec le James Bond ressuscité de William Boyd. Et qui dit polar dit cinéma.

Cannes 2014 est imminent, ou bat déjà son plein lorsque vous lisez ces lignes. Occasion rêvée de jeter un coup d'oeil dans les coulisses, saisir sur le vif la fabrication d'un film. En l'occurrence le court métrage d'Eva Ionesco et Simon Liberati, "Rosa Mystica", présenté le 21 mai à la Semaine de la critique. Occasion rêvée aussi de prendre un peu de recul, oublier l'effervescence médiatique et revenir sur quelques jalons d'un festival qui a plus d'un demi-siècle d'histoire.