En scientifique gourmet, Jean-Didier Vincent décrit la subtile mécanique neurologique qui transforme toute expérience gustative en souvenir indélébile.

Comment le goût vient aux enfants, pourquoi un vin nous semble minéral... A Dijon, cent cinquante chercheurs testent nos appétences et aversions.

Si rouges, si rondes, parfaitement calibrées : elles ont fière allure, nos tomates. A ceci près qu'elles auraient perdu leur goût.

Tout commence quand une molécule issue d'un aliment touche une microscopique papille gustative située sur la langue. Cette papille recèle des "bourgeons gustatifs" : ce sont les points pâles qui apparaissent sur cette photo grâce à un colorant alimentaire bleu. Dans le cerveau, le goût s'associe à d'autres sens pour se muer en une sensation intense, personnelle et agréable qui nous donne envie de manger.

Près d'un tiers de la nourriture produite dans le monde part à la poubelle... de quoi nourrir une population de 2 milliards d'individus.

Il y a ceux qui aiment le fromage bien fait, ceux que révulse l'ail, les croqueurs d'insectes et les avaleurs d'huîtres. Pourquoi certains se délectent-ils de ce qui écoeure les autres ? Entre évolution, émotions et culture, les neuroscientifiques pistent nos appétences.