La répression est sévère à Lhassa après les manifestations de la semaine dernière, violemment réprimées par l'armée chinoise. Un remake de Tiananmen...

Le Tibet est toujours fermé aux journalistes. Notre correspondante a pu participer à un voyage organisé par le gouvernement chinois dans le Gansu. Une province qui englobe la préfecture autonome tibétaine du Gannan.

55 ans après l'invasion de Lhassa par l'armée rouge, le conflit entre le peuple tibétain et les autorités de Pékin est loin d'être résorbé. Depuis 2009, dans un ultime geste de désespoir, près de 120 Tibétains se sont immolés par le feu et, régulièrement, la province du Tibet est fermée aux étrangers. Une raison de plus pour s'y rendre, et témoigner.

Sept fois plus grand que la France avant l'occupation chinoise en 1949, peuplé par 7,5 millions de Han et 6 millions de Tibétains, le "Pays des neiges" est dorénavant considéré comme une simple région administrative.

60 ans après la proclamation de la République Populaire, 50 ans après l'arrivée des troupes chinoises à Lhassa, nous saisissons l'opportunité de ce double anniversaire pour retourner au Pays des neiges. De la région autonome au Kham, en passant par l'Amdo via un ultime détour par Dharamsala, nos équipes ont bourlingué entre monastères et hauts plateaux en compagnie des brigands, nomades et gentilshommes pour reprendre l'expression fameuse et mythique d'Alexandra David-Néel.

Malgré les arrestations, la présence militaire et les campagnes politiques, la révolte tibétaine se poursuit. Le mouvement initié par les moines est désormais celui des citadins ordinaires, des nomades, des étudiants, comme le confirme les témoignages d'auteurs tibétains.

Malgré la répression qui s'est abattue sur Lhassa, où des manifestations indépendantes ont dégénéré en émeutes le 14 mars 2008, l'agitation s'est étendue à toutes les zones de peuplement tibétain, y compris dans les autres provinces chinoises.

Sous prétexte de défendre l'environnement, les autorités chinoises ont privé de leurs terres les paysans et les nomades tibétains. Cette situation explique en grande partie la mobilisation générale de la population locale.

Soucieux de plaire aux Chinois, les Britanniques viennent de modifier discrètement leur position de principe sur le statut du Tibet face à la Chine. Un revirement lourd de conséquences

Un an après les émeutes de Lhassa et les manifestations qui ont secoué toute la région, celle-ci reste sous haute surveillance pour le cinquantième anniversaire de la fuite du dalaï-lama en Inde.

Lors de sa visite officielle dans l'Etat indien de l'Arunachal Pradesh, le chef spirituel tibétain pourrait désigner son successeur. Mais cela ne plaît pas aux Chinois, qui souhaitent avoir la main sur la succession.