La France va manquer de médecins jusqu'en 2035 au moins, surtout dans les territoires ruraux. Décryptage.

Le conseil départemental de Lot-et-Garonne a adopté une charte qui vise à réduire la surenchère à laquelle se livrent les communes pour attirer des médecins. La charte concerne les communes qui y adhérent directement ou par le biais des intercos. Le but est d'éviter que l'offre de soins se réduise sur des territoires déjà peu dotés. Les collectivités qui approuvent la charte s'engagent moralement à ne pas chercher à attirer un médecin installé dans une autre commune du département

L'accès aux soins est devenu une préoccupation majeure des Français. Il faut dire que la situation s'aggrave d'année en année. D'après un rapport du Sénat de mars 2022, 11% de nos concitoyens n'ont pas de médecin traitant - ils étaient 9,5 % en 2017. Et parmi eux, on dénombrerait 657000 personnes souffrant de maladies chroniques. Le numerus clausus - cette mesure qui limitait chaque année le nombre de médecins diplômés - a beau avoir été supprimé en 2019, la situation ne va pas s'améliorer tout de suite, les études de médecine s'étalant en moyenne sur dix ans. Sommaire.

"Charmante commune recherche médecin sérieux." Des Côtes-d'Armor à la Haute-Saône, cette variante des petites annonces du "Chasseur français" fleurit sur Le Bon Coin. Les médecins ont beau être plus nombreux que jamais à l'échelle du pays, chaque département ou presque déplore son lot de déserts médicaux, à tel point qu'un Français sur dix a déjà renoncé à se soigner faute d'un rendez-vous à proximité. En première ligne face à cette disette, les maires rivalisent de hardiesse et d'inventivité pour courtiser celle ou celui qui saura se pencher sur la santé de leurs administrés.

Intérimaire, le mot est souvent synonyme de précarité. Sauf lorsque le travailleur temporaire officie en blouse blanche. Dans les couloirs de l'hôpital, intérimaire rime plutôt avec gros salaire. Le 3 juillet 2018, au micro de l'Assemblée nationale, Agnès Buzyn parlait même de « mercenaires », fustigeant « le cannibalisme hospitalier ». Dans le viseur de la ministre de la Santé de l'époque, les rémunérations insensées - parfois plusieurs milliers d'euros par jour - de ces médecins remplaçants dans un hôpital public en manque de moyens.