Cinquante ans après sa mort, Emmanuel Mounier demeure insaisissable. Ni théoricien, ni vraiment politique, ni intellectuel catholique, ni universitaire, ni mystique, le fondateur de la revue "Esprit" est le mélange rare d'un spirituel, d'un journaliste et d'un philosophe.

L'histoire d'"Esprit" témoigne d'oscillations entre des colères intransigeantes et les compromis de l'engagement politique. Les colères plus récentes ont été souvent motivées par la critique du réformisme.

Pourquoi le philosophe a-t-il choisi de placer dans la glande pinéale le siège de l'âme humaine, sans avancer aucun argument autre qu'un postulat métaphysique ?

Emmanuel Mounier, le père du "personnalisme", le fondateur de la revue "Esprit", catholique engagé dans les débats politiques de son temps, fut-il, en 1940, tenté par l'idéologie du régime de Vichy ? Le reproche lui en a été souvent fait. Maus que valent ces accusations sommaires ?

Les grandes revues ont fait, depuis un siècle, les beaux jours de la pensée française. Qu'en est-il aujourd'hui ? Didier Jacob a enquêté.

Le choix de faire reparaître "Esprit" au cours de l'année 1940 correspond à l'exigence de "penser la défaite". Le jeu de ruse avec la censure dans lequel s'engagent alors les rédacteurs de la revue doit être éclairé à l'aide d'autres sources, mal connues jusqu'à présent, comme les "carnets" d'Emmanuel Mounier et des interventions à l'étranger.

Alors que l'histoire intellectuelle, discipline universitaire en plein essor, suppose fréquemment une homogénéité idéologique des regroupements intellectuels qu'elle étudie, l'examen des divisions et des conflits qui structurent la vie d'une revue comme "Esprit" permet de rendre mieux compte d'une histoire en mouvement.

A 41 ans, Michaël Foessel, philosophe et membre de la revue "Esprit", est devenu une voix qui compte à gauche. Pour "L'Obs", il s'élève contre ceux qui veulent enterrer le clivage gauche-droite. Et parle de Macron, du pape François ou de nos vies quotidiennes.