Du Caire à Riyad en passant par Abou Dhabi, la secrétaire d'Etat américaine a battu le rappel de pays alliés pour faire échec à toute une série d'"ennemis". Une démarche aussi déraisonnable que vaine.

Après quinze ans d'un règne sans partage, Washington semble avoir définitivement ruiné son autorité et son crédit.

La politique pro-israélienne de la Maison Blanche a atteint ses limites. Et suscite de plus en plus les réserves des régimes arabes "modérés".

Pour le plus célèbre des journalistes arabes, la "victoire" du Hezbollah n'arrêtera pas les Etats-Unis, qui veulent une paix favorable à Israël.

Ils se sont durement affrontés lors des primaires démocrates, mais ont choisi le pardon des offenses. Depuis la mi-novembre 2008, ils négociaient pied à pied. Finalement, Hillary Clinton sera bel et bien la secrétaire d'Etat de Barack Obama

Dans son discours du Caire, en 2009, le président américain avait annoncé une politique de la main tendue à l'égard des pays musulmans. Mais il n'en est toujours rien. Bien au contraire.

L'Amérique va-t-elle redonner le Liban à la Syrie pour calmer les tensions aux Moyen-Orient et s'assurer une sortie honorable d'Irak ? Damas et ses alliés en sont persuadés.

Le rapport du Groupe d'étude sur l'Irak - "La marche à suivre. Une nouvelle approche" -, présenté le 6 décembre 2006, a fait bouger les choses à Washington. Le plan Baker-Hamilton admet que la victoire en Irak n'est pas au rendez-vous. Il ouvre un débat sur un changement de stratégie et sur un éventuel retrait des troupes. Il propose aussi d'entamer des négociations avec la Syrie et l'Iran, une hypothèse qui fait peur en Israël, dans les monarchies du Golfe et au sein même du gouvernement irakien.

Opposition populaire à la signature d'un accord entérinant la présence des troupes américaines, âpres négociations sur la répartition des recettes provenant du pétrole, affrontements intercommunautaires et nostalgie à l'égard de Saddam Hussein... : tels sont les fruits que récoltent les Américains, plus de cinq ans après le début de leur aventure militaire sur le territoire irakien

Malgré un programme politique incertain, la nouvelle Administration américaine devra traiter les conflits du Moyen-Orient et ce à travers leurs trois grandes problématiques : la sortie d'Irak, la diplomatie envers l'Iran et les négociations israélo-arabes.

Au-delà de l'actualité la plus immédiate, André Kaspi analyse les origines de la politique américaine au Proche et au Moyen-Orient. Prise entre la guerre froide, le souci du pétrole, le soutien à Israël et le péril islamiste.