Le cinéma documentaire n'est-il plus qu'un lieu où s'incarne notre sentiment diffus d'impuissance politique ? Ou peut-on encore espérer de lui qu'il souffre un vent nouveau sur notre monde commun ? Entre réalisme distancié, patrimonialisation des luttes et reprise des utopies collectives, le documentaire de création semble souvent pencher en faveur des premiers.

Le documentaire explosif de François Ruffin remplit les salles.

Le documentaire doit se rendre aux quatre coins du monde et retrouver sa visée exploratrice.

Lorsque commence "Fuocoammare" (Ours d'or à Berlin cette année), il n'y a à l'image qu'un jeune garçon de l'île, regardant une à une les branches d'un pin sec pour trouver celle où il sculptera un lance-pierre. Le choix de Gianfranco Rosi de faire tenir son film dans ce montage entre une vie quotidienne à terre, donnée d'emblée, et une tragédie en mer, livrée peu à peu, lui permet de viser au-delà du genre désormais établi du "film de réfugiés" pour interroger les images habituellement produites en masse sur l'île, et réinventer ce "par-delà Lampedusa" du sous-titre.

Pépite : sortie d'un documentaire sur Martin Luther King réalisé entre autres par Sidney Lumet et Joseph L. Mankiewicz.

Retour sur l'oeuvre du documentariste américain, au moment où sort le dernier volume de son intégrale DVD.

Le documentaire retrouve une place qu'il avait perdue : à la télévision où grâce à l'accession de la SEPT / Arte au statut de chaîne nationale, il l'emporte sur le reportage ; en vidéo où la diffusion gagne du terrain (là encore, grâce à la SEPT qui a créé son propre label), mais aussi sur le grand écran.

Suivant un glaneur d'intelligence en foyer Sonacotra, Agnès Varda, glaneuse de vies, extirpe le "ic" et le "oc" de son "activité nocturne", un entre-deux balisé par "succès" et "cafard". Raccourci exemplaire de ce que le documentaire apporte, une approche généreuse dans un monde impitoyable, la rencontre entre le "je" qui filme et l'autre.