La réélection de Narendra Modi en mai 2019 s’appuie sur la mise en valeur de l’« hindouisme politique », à l’encontre de la vision séculariste et pluraliste codifiée dans la Constitution indienne. Celui-ci a ainsi progressivement acquis une hégémonie en se diffusant du champ militant à l’ensemble de la société avant de s’inscrire dans la loi, au détriment des minorités musulmanes et chrétiennes. Son acceptation par la majorité de la population traduit une évolution profonde de la société indienne.

L'Etat le plus peuplé de l'Union indienne connaît des tensions intercommunautaires. Avec l'arrivée au pouvoir en 2017 d'un moine extrémiste hindou, Yogi Adityanath, proche du Premier ministre Narendra Modi (depuis 2014), les dérives antidémocratiques se sont multipliées, et la communauté musulmane est particulièrement ciblée par un discours haineux. Des élections législatives doivent se tenir en février et mars 2022.

Il y a 70 ans tombait sous les balles d’un extrémiste hindou la « Grande Ame » de l’Inde. Cruel épilogue pour celui qui milita, toute sa vie durant, pour l’indépendance et l’unité de son pays.

Le nationalisme hindou du Premier ministre ne cesse de monter en puissance. Au risque de menacer ses rêves de grandeur économique.

L'inauguration d'un immense lieu de culte dédié au roi mythique Rama révèle la fin d'une forme de laïcité dans le pays. La nation indienne se définit désormais d'abord autour de l'hindouisme, la religion de la majorité.

Au pouvoir dans la plupart des Etats du pays, les fondamentalistes imposent l'idéologie selon laquelle la nation indienne et la population hindoue ne font qu'un. Les agressions envers les musulmans se multiplient.

Pionnière en matière d'écologie et oecuménique, Auroville, située dans le sud de l'Inde, voulait incarner l'unité humaine dans une cité idéale. Après cinquante-six ans d'une existence libre, Narendra Modi, le Premier ministre indien, oeuvre pour s'en emparer et en faire un emblème strictement hindou - un Disneyland spirituel, disent certains. Michèle Decoust, journaliste et vidéaste - elle a tourné plusieurs documentaires sur ce lieu unique au monde-, revient sur cette aventure aujourd'hui menacée.