Revenant sur les racines de l'émergence du FIS en Algérie, Séverine Labat brosse le tableau d'une société algérienne en crise qui a trouvé dans l'islamisme politique, un moyen d'expression et de canalisation de son mal être.

Pour redonner l'envie de vivre aux petits rescapés des tueries, des médecins et des psychologues tentent d'aider cette génération martyre à sortir du silence, à dire l'horreur et le chagrin...

Des groupes d'autodéfense, formés de civils mal armés, procèdent à une lente reconquête de la plaine centrale algérienne. Essaimant de village en village, ils font reculer le terrorisme islamiste.

Les intellectuels arabes ont été longtemps paralysés par leur refus de prendre parti entre une dictature militaire et un terrorisme islamiste. Le degré atteint dans l'horreur les amène à demander, contre les tabous du nationalisme arabe, l'envoi d'une commission d'enquête internationale.

Au moment où les Algériens se rendent aux urnes dans un climat de terreur, quatre grandes ONG lancent une campagne pour l'ouverture d'une enquête sur les violences qui ensanglantent le pays.

L'angoisse et l'indignation l'emportent chez les Algériens et chez les Français d'origine algérienne. Mais les informations rapportées de leurs vacances ou obtenues de leur famille restée au pays reflètent la complexité de la situation sur place.

Les militaires ont-ils décidé de ne protéger que le "pays utile", celui du pétrole ? Laissent-ils à la discrétion des tueurs du GIA les populations qui ont voté hier pour les islamistes et qui sont aujourd'hui massacrées ? Depuis la dernière tuerie, ces questions se posent. Et sont posées.

Il y a un an, sept moines trappistes étaient égorgés par le GIA. "Ce ne sont pas des bêtes immondes, ce sont des hommes", disait d'eux, avant sa mort, le frère de Christian de Chergé, un des sept. Il les connaissait...

A l'approche du scrutin législatif, les islamistes affirment vouloir se démarquer des "tueurs des villes". Promesse électorale ou volonté réelle de faire le ménage dans leurs propres rangs ?

La fête et la peur. La ferveur et la colère. La liesse et le sang. Jamais Alger n'aura ainsi éprouvé jusqu'à la démesure les contradictions du mois sacré, traditionnellement partagé entre le jeûne des journées et la frénésie nocturne...

Au fil d'une actualité faite de massacres et de représailles, le pays tout entier se couvre de groupes armés, officiels contre clandestins, anti-islamistes contre islamistes...

Des enfants déchiquetés, des villageois égorgés : les islamistes armés ont transformé le mois sacré du ramadan en un carnaval sanglant. Jean-Paul Mari a recueilli les récits poignants d'Algériens, témoins quotidiens de l'horreur, accablés de deuils et pourtant résolus à vivre malgré tout.