Il aurait eu 100 ans en 2009. La BNF lui rend hommage, ses pièces se jouent toujours. Mais que sait-on vraiment du grand maître de l'absurde ?

Dans les années 50, le plus roumain de nos auteurs classiques a affranchi le théâtre de tout ce qui le caractérisait alors. Avec lui, plus d'intrigue, plus de personnages typés ou même de sujet, mais une explosion de poésie loufoque.

Il a joué pour la première fois ″Le Roi se meurt″ en 1994, l'année même où, le 28 mars, mourait le grand écrivain. Depuis, toujours sous la direction de Georges Werler, il a repris deux fois cette pièce dont il admire la puissance existentielle, métaphysique. Il en parle avec la modestie d'un homme qui doute de lui mais croit en la force des poètes.

L'auteur de Rhinocéros aurait eu 100 ans en novembre prochain. A cette occasion, la BnF expose de multiples archives inédites de l'écrivain : notes, manuscrits, scénarios pour le cinéma, oeuvre graphique...

Incarner sur un plateau un personnage isolé, coupé de ses semblables, paraît une entreprise paradoxale : Jean-Louis Martinelli l'a tentée, en adaptant le roman d'Eugène Ionesco, Le Solitaire, au Théâtre de la Madeleine, Luca Ronconi en mettant en scène au Piccolo Teatro de Milan Giusto la fine del mondo, version italienne de la pièce de Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, présentée lors de la première édition des Chantiers d'Europe au Théâtre de la Ville.

Cette saison la partie théâtrale du Festival d'Automne à Paris s'annonce particulièrement riche. Elle s'est ouverte sur deux grands spectacles : ″I Demoni″, d'après Dostoïevski par Peter Stein aux Ateliers Berthier, et ″Factory 2″ par Krystian Lupa à la Colline, brièvement à l'affiche. En revanche, ″La Cerisaie″ de Tchekhov à l'Odéon, mise en scène par Julien Brochen, et ″Les Chaises″ de Ionesco à Nanterre-Amandiers par Luc Bondy font partie des programmations assez longues pour satisfaire l'attente d'un public attaché à cette manifestation.

Plus prolifique dans le registre théâtral ou dans le domaine de l'essai, Ionesco commet avec « Le Solitaire » son seul roman sur la cinquantaine de titres qui composent sa bibliographie. Quel roman ! Aux antipodes du produit divertissant niaiseux adossé à une intrigue galopante, « Le Solitaire » est avant tout une déflagration métaphysique d'une rare intensité, plus fondamentale que l'inertie oblomovienne, plus dévastatrice que la nausée sartrienne.

La pièce de Ionesco se joue depuis 1957 à la Huchette, tandis que la version de Jean-Luc Lagarce est réactivée. Retour sur un phénomène théâtral.