Entré en récession pour la première fois depuis 1974, le Japon brise le redressement des autres pays asiatiques qui replongent dans la crise. Celle-ci semble se répandre dans le monde entier. Les Bourses s'inquiètent.

Il ne bouge pratiquement plus celui qui hier encore semblait parti à la conquête du monde. Croissance négative, consommation en berne, revenu qui baisse... l'économie japonaise est tombée dans une longue hibernation...

C'est un scénario-fiction. Mais tous les financiers du monde le redoutent. Affaibli par la baisse de la Bourse et de l'immobilier, criblé de dettes, gangrené par la corruption, le système bancaire japonais n'est plus qu'un gigantesque Titanic financier.

Le Japon traverse une crise morale, terrorisé par les ravages du gaz sarin de la secte Aum, traumatisé par le tremblement de terre de Kobé. Mais il est surtout englué dans la "fukyo", la récession la plus grave de son histoire.

La hausse du yen est alimentée par les rapatriements de capitaux. Ses effets peuvent être terribles. Et les autorités craignent un effondrement de l'économie japonaise.

Une croissance négative ; les profits des entreprises qui dégringolent, le chômage qui progresse au pays de l'emploi à vie... Les Japonais vivent leur plus grave crise depuis la dernière guerre.

Pourquoi l'économie japonaise résiste-t-elle si bien aux turbulences alors que le yen fort fait des dégâts et que les profits s'effondrent ? Parce que l'argent abonde. Autopsie d'un système envié, mais opaque.

Les petits ateliers étaient le secret bien gardé de la puissance industrielle japonaise. Aujourd'hui ils ferment à tour de bras, victimes de la crise bancaire. Un monde disparaît.

Baisse des prix et recul de l'activité ont poussé le Japon dans une spirale déflationniste dont il n'arrive plus à se sortir. Ses banques souffrent, ses travailleurs s'appauvrissent et son taux de chômage monte. Seuls ses retraités prospèrent ! Aujourd'hui, l'Allemagne semble attaqué par des maux similaires (voir p.76). Et la hausse de l'euro relance les risques déflationnistes en Europe.

Arubeitos, freeters... les Japonais ont inventé des mots pour décrire les nouveaux jobs mal payés qui ont éclos dans tout le pays. Le Japon émerge de dix ans de crise et de déflation, mais ce réveil profite surtout aux multinationales. Et la patrie de l'emploi à vie découvre la précarité.

Attention, l'archipel est de retour ! La recherche booste l'industrie et la croissance, malgré une population vieillissante.