Louis Schweitzer, représentant spécial du ministère des Affaires étrangères pour le Japon et ancien patron de Renault-Nissan, pèse les chances du plan de relance japonais, qui joue la rupture.

Analyse des répercussions de la décision du Premier ministre japonais, Shinzo Abe, en 2013, de dévaluer le yen pour relancer les exportations. L'objectif : ranimer la croissance. Pour les pays concurrents du Japon, cette décision est perçue comme un ″Pearl Harbor monétaire″. Ses effets pourraient déstabiliser l'économie mondiale et en particulier les secteurs de l'automobile et du high-tech. Un graphique sur l'évolution de la devise du yen entre mars 2012 et mars 2013.

On l'imagine volontiers comme une machine efficace, conformiste et homogène où règne l'emploi à vie pour les salariés bien intégrés. Mais, vue sous l'angle des femmes, des immigrés ou des jeunes diplômés, l'entreprise japonaise prend un autre visage.

Traditionnellement réticent à accueillir la main d'oeuvre étrangère, le Japon est confronté aujourd'hui à un dilemme : accélérer l'ouverture de ses frontières ou... renoncer à la croissance promise par le premier ministre Shinzo Abe.

Après deux décennies de croissance atone et des années de déflation, Shinzo Abe, le Premier ministre nippon, au pouvoir depuis la fin de l'année 2012, a lancé un ambitieux programme de relance et de réformes économiques baptisé également Abenomics. Celui-ci a comme objectif de faire à nouveau d'un Japon en plein déclin démographique et lesté d'une dette publique qui atteint 236% du produit intérieur (PIB) à la fin de 2013 "le moteur de la croissance économique mondiale".

En décembre 2012, Shinzo Abe revient au pouvoir six ans après une première expérience en qualité de Premier ministre au cours de laquelle il s'était illustré par son inexpérience. Cette fois, il propose à ses compatriotes un plan très ambitieux qui doit, selon lui, permettre de relancer une économie japonaise anémiée, en quasi stagnation depuis deux décennies.

Mettre en oeuvre des politiques d'austérité lors d'une récession risque de créer un cercle vicieux qui peut conduire à déprimer la demande, faire baisser la production et aggraver le déficit. Cette situation n'est toutefois pas exactement celle que vit l'Europe depuis que les Etats ont engagé, à des degrés divers, des plans de rigueur. Les faibles taux de croissance de la zone euro s'expliquent avant tout par les politiques économiques appliquées avant la crise. Ces dernières ont conduit à des taux d'endettement privé et public peu ou pas soutenables.