C'est de sa profonde connaissance des Lumières et du romantisme que Hans Mayer tire le propos des Marginaux, où il explore trois figures littéraires de la "marginalité existentielle", les femmes, les juifs et les homosexuels. Construisant de Shakespeare à Genet une typologie de l'exclusion, il étudie les mécanismes de la marginalisation et met à l'épreuve l'ambition égalitaire des Lumières. Au-delà des mutations récentes et de l'intégration de droit des marginaux d'hier, il révèle les limites de l'éthique bourgeoise humaniste et de son processus de nivellement. A travers cette analyse exigeante qui renverse beaucoup de nos évidences, il apparaît que seule la reconnaissance de "l'inégalité en l'homme" permettra d'accéder à une véritable libération de l'individu.

L’auteur interroge les récits de survivants des camps nazis et soviétiques (Antelme, Rousset, Borowski, Chalamov, Soljenitsyne), à la fois œuvres littéraires et impossibles témoignages de l’horreur. Nous avons encore à nous retourner sur l’histoire des camps de concentration ; nous n’en avons pas fini avec ce phénomène qui, monstrueux, multiple et répétitif, s'est développé tout au long du XXe siècle, et semble ne pas devoir s’achever avec lui. L'entreprise d'Alain Parrau participe donc d'une exigence aujourd'hui puissamment ressentie.C'est à certains des témoins majeurs des camps nazis ou des camps soviétiques que cet ouvrage est consacré. Primo Levi, David Rousset, Robert Antelme, Tadeusz Borowski, Varlam Chalamov, Alexandre Soljénitsyne : tous, avec la plus farouche énergie, ont produit des oeuvres inoubliables - comme autant de défis contre les entreprises de domination totale qui visaient à annihiler leurs regards et leurs voix. Avec audace et scrupule, Alain Parrau analyse ces écrits affrontés à la violence extrême. Il les compare, les distingue, leur permet de s'éclairer réciproquement. Ainsi redécouvrons-nous, en chacun des auteurs qu’il nous fait lire ou relire, la force de ce que Soljénitsyne a appelé l’investigation littéraire.

L'antisémitisme de Céline ne naît pas en 1937, avec la publication de Bagatelles pour un massacre. Il s'enracine en profondeur dans la vie, dans la formation intellectuelle et dans les origines de l'écrivain, telle est la thèse de cet ouvrage qui restitue avec minutie le bain culturel dans lequel se forgent les valeurs céliniennes. Avec une partie sur le réception critique de son oeuvre.

Michaël Prazan, trente-quatre ans, est docteur ès lettres, professeur de lettres modernes en Seine-Saint-Denis. Journaliste pigiste pour Le Figaro, Marianne, Le Monde, entre autres, il est l'auteur de Les Fanatiques, histoire de l'armée rouge japonaise (Le Seuil, 2002) et parallèlement l'auteur et le réalisateur d'un documentaire diffusé sur Arte la même année : Japon, les années rouges. Il est également coauteur d'un documentaire historique diffusé sur La Cinquième : La Maladie n°9 : l'histoire inédite d'un complot antisémite en 1920.

Trois exigences incompatibles se disputent cet essai : elles empruntent trois voies distinctes d'autant plus véhémentes qu'elles ne s'entendent pas : celle de l'objectivité critique, de la mémoire juive et des faits historiques. " Veut-on connaître un peuple ? ", écrivait déjà Bernard Lazare, " Il faut regarder dans le miroir grossissant de ses Juifs ". Tiraillés entre la mémoire et l'oubli, entre l'histoire et les lettres, entre le passé et l'avenir, entre l'universalisme et le particularisme, les juifs de France, se font la caisse de résonance et de ces voix discordantes. Modiano en capte les dissonances et s'en fait une arme contre Proust, contre Sartre, contre Freud, contre toutes les solutions... Mi-critique, mi-passionné, ce livre reprend tour à tour les voix de l'histoire, orchestrant les murmures de l'inavouable et les tempêtes politiques qui grondent à l'horizon. Encore une histoire juive ? Non, une histoire de France

l'exception notable du Marchand de Venise - qui suscite d'ailleurs toujours des polémiques -, le théâtre évite, depuis la seconde Guerre mondiale, de représenter un personnage juif et désigné comme tel, sur scène. Et lorsqu'il s'y hasarde, à l'instar du théâtre de la Bastille avec la mise en scène de la pièce de Fassbinder, Les ordures, la ville et la mort, en 2003, il provoque de violentes réactions. Il fut pourtant une époque où « la question juive » était l'un des sujets de prédilection de la scène française. Des pièces antisémites, certaines consciemment revendiquées, d'autres plus dangereuses, car se croyant de bonne foi sans parti pris, étaient jouées avec un très grand succès dans de nombreux théâtres parisiens. Les critiques se déchaînaient, consacraient de longs papiers, faisaient même la Une de leurs journaux : de La Libre Parole à L'Humanité en passant par Le Figaro, l'antisémitisme de ce répertoire dramatique était discuté, approuvé ou combattu pour ce qu'il était à l'époque : une opinion politique. Lorsque ces pièces étaient censurées, elles l'étaient pour trouble à l'ordre public (il est vrai que souvent les spectateurs en venaient aux mains !) et non parce qu'elles véhiculaient des idées condamnables. L'antisémitisme ne se cantonnait pas à ces pièces, heureusement aujourd'hui tombées dans l'oubli, il contamina l'ensemble de la vie théâtrale des années 1880 à la seconde Guerre mondiale. Car contrairement au mythe des « deux France » très vivace dans l'histoire théâtrale, l'antisémitisme a irrigué aussi bien le théâtre de boulevard « de droite » que le théâtre d'avant-garde « de gauche ». Et certains auteurs dramatiques juifs ajoutèrent leur voix au concert antisémite. Ce volume proposera une réflexion autour de quelques textes importants - inédits ou opportunément disparus après-guerre - et d'un cahier photos, sur cette mémoire « confisquée » du théâtre...

Universitaire et écrivain, A. Bensoussan inscrit la totalité de son oeuvre dans l'Algérie de son enfance. La cassure de l'indépendance provoque chez lui une prise de conscience douloureuse. Il reconstruit un passé judéo-maghrébin où s'exalte une coexistence à la fois ombrageuse et fraternelle.

Marie-France Rouart, professeur de Littérature comparée à l'université de Nancy est agrégée de Lettres et l'auteur d'une thèse soutenue à Paris IV-Sorbonne. Elle s'est spécialisée dans la mythocritique à la suite de ses recherches sur les mythes au XIXe siècle, et de deux de ses publications en particulier : Le Mythe du juif errant (José Corti, 1988), et Le Crime rituel ou le sang de l'autre (Berg International, 1997). Elle a également écrit de nombreux articles sur la littérature et les mythes, et collaboré ainsi à plusieurs ouvrages collectifs, français ou étrangers, à des revues et à des Dictionnaires, tout en participant aux équipes de recherche en Littérature générale et comparée (SFLGC).

Recueil de témoignages et de textes littéraires sur les persécutions et l'extermination des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, écrits par des témoins directs, des rescapés : R. Antelme, J. Ferrat, E. Hillesum, H. Krüger, etc. Pour l'étude de la littérature engagée, du discours argumentatif et de la notion de devoir de mémoire.