Il se préoccupe de morale mais aussi de relations publiques. Il défend l'ingérence humanitaire et n'aime guère l'Etat-nation... Qui est donc Bernard Kouchner ? L'essayiste britannique Christopher Caldwell livre quelques clés

Pour son arrivée, Bernard Kouchner, administrateur de l'ONU, doit faire face au massacre de quatorze paysans serbes dans la province libérée, où la peur change de camp.

Pour le secrétaire d'Etat à la Santé, nous sommes fiers de nos dépendances et nous détestons celles des autres.

Comment séduire des villageois provençaux lorsqu'on est un spécialiste du bout du monde, que son principal adversaire est un communiste et que l'idéologie lepéniste menace de faire des ravages ?

Du Biafra à Sarajevo, du Kurdistan au Rwanda, le plus romanesque des ministres de François Mitterrand a tenté de rendre toute sa noblesse au combat politique. Il nous confie aujourd'hui son credo.

En Bosnie et en Somalie ont été menées les premières expériences d'"humanitaire armé". Comment empêcher l'hypocrisie des politiques et l'égoïsme des Etats et de faire échouer ce prolongement du "devoir d'ingérence".

On le considère comme un transfuge de la société civile. Et s'il était en fait un dissident de la politique ? Fort de son expérience et de sa popularité, le voici décidé à faire valoir... son droit d'ingérence.

Les uns le portent aux nues. D'autres ne lui pardonnent rien. Pour ses amis, il a inventé le nouveau droit humanitaire. Pour ses ennemis, il a trahi la cause. Les Français le plébiscitent, son camp s'en méfie... Mais qui est-il vraiment ? Médecin sans frontières ? Politique sans dogme ? Diplomate sans affectation ?

Le monde change, mais les socialistes s'en rendent-ils compte ? Education, réforme de l'Etat, retraites... : l'enfant terrible de la gauche dénonce les insuffisances et les ambiguïtés du projet PS. Un "parler vrai" qui dessine une ambition intacte pour 2007.

Mûri par dix-huit mois de Kosovo, le French doctor revient. Jospin a besoin de sa popularité mais surtout de son diagnostic : il n'a pas son pareil pour sentir les mouvements de société.

Le 25 août 2010, en pleine affaire des Roms, le ministre des Affaires étrangères a remis à Nicolas Sarkozy une lettre de démission dont ″le Nouvel Observateur″ a pris connaissance. De ses gaffes à son ralliement à la realpolitik, de son action sur le terrain à ses heurts avec les conseillers de l'Elysée, que restera-t-il des années Kouchner au Quai-d'Orsay ?