Terrence Malick est de retour. Plus « malickien », que jamais dans la forme, « A la merveille » est aussi un grand film catholique. Une façon de tisser des correspondances infinies entre le visible et l'invisible, de mêler les temps et les lieux, d'explorer les liens qui nous unissent les uns aux autres.

Alors que sort « A la merveille », le nouveau film largement autobiographique de Terrence Malick, son actrice principale Olga Kurylenko nous livre quelques-unes des recettes singulières et imprévisibles d'un cinéaste unique.

Malick conçoit un cinéma d'une humanité sans pareille où la raillerie et le cynisme n'ont pas leur place

Peu de cinéastes suscitent une attente aussi impatiente que Terrence Malick à chacun de ses nouveaux films. En attendant The Tree of Life, dont la sortie est imminente et dont la présence au Festival de Cannes n'est pas encore confirmée (pour cause de finition) à l'heure où nous imprimons, nous revenons avec joie sur un cinéaste qui, depuis La Balade sauvage, sait à chaque fois nous éblouir, nous stimuler et nous toucher.

Quel appétit de filmer s'est emparé de Terrence Malick ? Voici que ce cinéaste, d'abord rare, est devenu prolifique. Prolifique, mais non facile. ″A la merveille″ radicalise un langage qui avait déjà découragé certains devant ″The Tree Of Life″. Ce n'est pas tant le propos, limpide, qui innove que la manière de le formuler. Cinéma du toucher. Cinéma du murmure. On s'effleure, on se frôle, on se caresse du bout des doigts. On chuchote, on murmure, on souffle. Poétique du cinéma portée à son expression à la fois la plus simple et la plus haute.

"The Tree of Life" a marqué un tournant majeur dans l'itinéraire de Terrence Malick. Palme d'or, le film a représenté une forme de consécration tout en provoquant des débats. Si l'oeuvre témoignait de certaines constantes chez le metteur en scène, elle introduisait aussi une dimension plus autobiographique et moins narrative. Le malentendu allait se développer avec "A la merveille" et "Knight of Cups", présentés respectivement aux festivals de Venise et de Berlin où ils connurent l'incompréhension des jurys, des critiques et du public.

La nature, dans les films de Terrence Malick, est souvent présentée en parallèle à la parole humaine, qui ne parvient jamais vraiment à la saisir. Cette insaisissabilité ne l'enferme pas dans le spectre de la nostalgie, mais montre qu'il est possible d'excéder le langage. Il ne s'agit pas pour l'homme de maîtriser ce qui l'entoure, mais peut-être de s'en sentir responsable, de changer de regard ; c'est la grâce, alors, qui vient donner cette nouvelle perspective dans les derniers films, ″The Tree of Life″ et ″A la merveille″.