Etrangement, jamais aucun film de Terrence Malick n'avait été défendu dans ces pages à sa sortie. Il n'a jamais été un ″cinéaste Cahiers″ pour le dire simplement. En 1975, à la sortie de ″La Balade sauvage″, alors que ″Positif″ fait un des très rares entretiens avec le cinéaste, les ″Cahiers″ passent le film sous silence. Idem pour ″Les Moissons du ciel″ en 1979. ″La Ligne rouge″ très timidement défendu en 1999, est absent des classements de fin d'année, et ″Le Nouveau monde″ (2006) sèchement descendu. Saluer aujourd'hui ″The Tree Of Life″ semblait d'autant plus important.

Il faut maintenant prendre des gants pour parler de Terrence Malick. Qui aurait imaginé avant "The Tree of Life", avant la découverte des fragmentations créées avec un Emmanuel Lubezki de plus en plus coauteur des images, que trois ans plus tard on irait ainsi vers Malick, curieux certes mais à reculons, inquiet d'avoir vu ces élans enthousiastes devenus coquilles vides dans "A la merveille" ?

Le rapport ambivalent entre l'homme et la nature est au centre de l'oeuvre de Terrence Malick.

Avec "Voyage of Time", Terrence Malik renoue avec le questionnement philosophique, il a étudié les travaux de Martin Heidegger à l'université, et l'esthétique pour faire réfléchir les spectateurs sur leur sentiment d'habiter le monde. Le film revoie à introspection stupéfaite, douloureuse et émerveillée à la fois.

La nature a envahi les cimaises de nos musées en ce début de printemps. De l'impressionnante exposition "Jardins", coordonnée par Laurent Le Bon, au Grand Palais, où le cinéma est présent - de "Meurtre dans un jardin anlgais" de Greenaway, à "Edward aux mains d'argent" de Tim Burton, du "Jardinier et le Petit espiègle" des frères Lumière à "L'Année dernière à Marienbad" de Resnais-, jusqu'aux deux expositions consacrées à Camille Pissaro au musée du Luxembourg et au musée Marmottan Monet.

"Song to Song" par Terrence Malick et "On the Milky Road", par Emir Kusturica. C'est la faute des perturbateurs endocriniens. Il n'y a pas d'autre explication. Le naufrage des deux est total.

Rencontre à Londres avec le compositeur, qui signe la musique de ″The Tree Of Life″ de Terrence Malick, en compétition à Cannes.