Dans "Relire la Révolution", le philosophe et linguiste Jean-Claude Milner interroge la Terreur à partir des textes des principaux acteurs de 1789. Il débat ici avec Philippe Sollers, qui contre-attaque : pour l'"écrivain européen d'origine française", la Gironde fut "le printemps de la Révolution".

A l'heure où l'on s'interroge sur l'intégration républicaine de l'islam, et où le catholicisme questionne sa propre modernité, la laïcité à la française doit-elle être reconsidérée pour permettre une meilleure acceptation du fait religieux dans notre société ?

Le XVIIIe siècle a marqué une rupture dans l'histoire. Qu'en faire aujourd'hui ? Puiser dans la révolution un idéal, comme le préconise Jean-Claude Milner, ou se préparer à la catastrophe, comme le prophétise Peter Sloterdijk ?

Cette analyse du dernier pamphlet de Milner, "Le Juif de savoir", qui poursuit la thèse extrême des "Penchants criminels de l'Europe démocratique", tente d'en évaluer la cohérence. La contradiction de la démarche, pourtant, apparaît patente : pourquoi faire briller l'ancienne rhétorique de l'essai radical tout en annonçant qu'il faut rompre avec la philosophie européenne ?

Prenant acte de ce qu'il appelle d'entrée de jeu la fin de la "croyance révolutionnaire", Jean-Claude Milner y voit une invitation, non à la ranger comme tant d'autres au cimetière des illusions du passé, mais bel et bien à enfin penser ce qui fut à la fois un paradigme et un événement unique en ces matières, à savoir la Révolution française.

Né en 1941, Jean-Claude Milner a été l'élève de Louis Althusser à l'Ecole normale supérieure au début des années 1960. Familier du séminaire de Lacan, il aborde bientôt la linguistique dont il fait son domaine de spécialité universitaire, contribuant à faire connaître en France la syntaxe générative de Chomsky. "L'Universel en éclats" (Verdier, 2014) constitue un point culminant dans son parcours intellectuel : l'ouvrage récapitule les principales thèses développées depuis son premier grand livre, "Les Noms indistincts" (Ed. du Seuil, 1983).

La démarche de Milner comprend deux volets. D'une part, une archéologie de la notion d'universel visant à saisir le sens de la notion à son origine et à repérer les moments-clés de sa transformation historique. D'autre part, le dévoilement d'un point refoulé qui a travaillé toute cette histoire occidentale comme son transcendantal historique et qui est par conséquent le vrai universel.

Loi juive, loi civile, loi naturelle. Lettres sur le mariage pour tous et ses effets à venir