Avec son second cahier d'"Etudes-Tableaux", l'Opus 39 du compositeur, ce moment-charnière d'où va naître pour de bon le XXe siècle voit éclore une oeuvre-charnière : l'une de ces parfaites correspondances entre un sort individuel et un destin collectif, comme aiment en dénicher certains historiens.

Dans les églises d'Orient, les vigiles nocturnes précèdent la divine liturgie. Dans le catalogue de Serge Rachmaninov, la composition de "Vêpres" (1915) suit, en revanche, celle de la Liturgie de saint Jean Chrysostome (1910). C'est Stepan Smolenski, auprès de qui il étudia les modes anciens à l'Institut synodal de Moscou en 1890-1891, qui lui souffla l'idée de mettre en musique la célébration eucharistique de rite byzantin.

Evgeny Kissin, entré dans la légende avant même ses 15 ans, joue le "Concerto N°3" du compositeur russe à Paris, avec l'Orchestre Philharmonique de Radio-France.

Entendre Bach à l'orgue, Mozart au pianoforte, Mahler dirigeant une symphonie ? Hélas... Mais l'époque de Thomas Edison est aussi celle de Serge Rachmaninov, dont une partie du legs enregistré figure dans le nouveau coffret de notre Discothèque idéale. Un siècle après sa première gravure, examinons une somme incontestable par l'exigence du pianiste en studio, fascinante par son autorité, inspirante par le degré de raffinement qui se révèle à l'auditeur assidu, déroutante par les écarts qui apparaissent entre la partition et l'acte musical donné en exemple.

Le chagrin qui saisit le compositeur à la mort de Tchaïkovski se traduit dans un Trio dont les fulgurances virtuoses le disputent à de longues plaintes. Qui chantera le mieux son lyrisme éperdu ?

Écrite lors d'un chapitre particulièrement tragique de la vie du compositeur, cette fresque immense déploie une trame narrative complexe, entre nostalgie feutrée et reliefs bouleversants. Quel pianiste parviendra à nous faire retrouver l'âme de Rachmaninov?