Outre son excellente carrière d'actrice, Ida Lupino a réalisé sept longs métrages, dont cinq ressortent ce mois-ci en version restaurée, tous produits par sa propre société, The Filmakers : "Not Wanted", "Never Fear", "Outrage", "The Bigamist" et "Le Voyage de la peur". Cinq films qui confirment qu'elle a été la plus grande des acteurs ou actrices de l'âge classique hollywoodien passés derrière la caméra.

La New-Yorkaise Eliza Hittman est une nouvelle révélation du cinéma indépendant américain avec ce troisième long métrage : "Never Rarely Sometimes Always" (après "It Felt Like Love" et "Beach Rats", tous deux disponibles sur plateformes). Depuis ses débuts, la réalisatrice s'attache au point de vue adolescent et au délicat passage à l'âge adulte.

Le monde de l'enfance ne connaît pas la proportion. Un mot seul peut détruire, un rire tout dévaster, un regard, tout simple, transfigurer. Les émotions et les affects ne sont pas à la mesure du petit être mais démultipliées à l'envi, comme l'illustrent brillamment deux films récemment réédités du trop méconnu cinéaste lituanien Arunas Zebriunas : "La Jeune Fille à l'écho" et "La Belle".

Périodiquement, les films d'Ida Lupino sont montrés et admirés lors de festivals ou de rétrospectives (festival d'Amiens en 2005, Cinémathèque française en 2007, Institut Lumière en 2014...), sans que ces moments d'exposition ne conduisent à la reconnaissance durable d'une oeuvre qui fait d'elle, non une pionnière parmi les réalisatrices avec Dorothy Arzner, comme on le lit partout, mais simplement une grande cinéaste. La sortie en salles de cinq des sept films qu'elle a réalisés, que l'on ne peut qu'inciter à voir tous, permettra-t-elle de la faire plus largement connaître et aimer ?

Si l'on excepte l'annonce de la sortie (différée) de "Wonder Woman 1984" (Patty Jenkins), le cinéma grand public ne semble pas, pour l'instant, profondément marqué par #MeToo, si ce n'est de façon superficielle : une comparaison entre "Scandale" ("Bombshell", Jay Roach) et "The Loudest Voice" (Tom McCarthy et Alex Metcalf, 2019, réal. : divers), qui traite du même sujet sur un ton résolument plus dramatique, révèle une acuité critique bien plus grande dans la minisérie.

Dans une interview menée par Todd Haynes (le producteur exécutif de quatre de ses films), Kelly Reichardt racontait son enfance passée dans la torpeur humide de la Floride. Sa mère travaillait à la brigade des stups. Son père était technicien de scènes de crime. Il débarquait sur les lieux, photographiait et rapportait à la maison des catalogues de clichés de décors sordides. Très tôt, l'image pose son empreinte sur la jeune fille.

Cecilia Mangini, morte le 21 janvier 2021, à l'âge de 93 ans, fut la première femme documentariste du cinéma italien, et tout simplement une grande cinéaste. Ses films, essentiellement des courts métrages, sont des odes vibrantes aux marginaux, aux oubliés, aux déclassés, à tous ceux que la société et le temps excluent et annihilent. L'article se poursuit par l'hommage de Anne-Violaine Houcke intitulé "Enragés sublimes de notre temps, Mangini et Pasolini".

La rétrospective "Pionnières du cinéma soviétique" organisée par Irène Bonnaud et Bernard Eisenschitz a eu pour objet de présenter un pan méconnu de l'histoire du cinéma soviétique des années 1920 aux années 1940 qui tient à la présence en nombre de femmes réalisatrices, phénomène assez unique dans le contexte de la production de l'époque.

La récente découverte de la filmographie de Joanna Hogg (voir n° 732, p. 14), la présentation à Cannes des nouveaux films d'Andrea Arnold ("Cow" ; voir n° 728, p. 87) et de Clio Barnard ("Ali & Ava" ; voir ce numéro p. 22), la révélation de "Saint Maud" (2019 ; voir no 718, p. 48) de Rose Glass, récompensée à Gérardmer en 2020, signalent un retour en force des réalisatrices britanniques qui nous offre l'occasion de dresser, après une rapide évocation historique, un état des lieux.

Invitée au festival Entrevues de Belfort, l'autrice de "Born in Flames" revient sur l'ensemble de son oeuvre.

Cela faisait près de vingt ans que les "Cahiers" ne s'étaient pas entretenus avec Lucrecia Martel. Son oeuvre est assurément l'une des plus surprenantes et stimulantes de notre temps, explorant une relation puissante et intime à la matière