Au début de l'été 2023, Ed Lachman ne cesse d'aller et venir dans son studio de Manhattan, d'un poste de travail à l'autre, s'attardant à plusieurs tâches : sur un ordinateur pour sa correspondance et ses notes ; sur un autre afin de consulter en ligne les avancées de la postproduction d'"El Conde" de Pablo Larrain (avant qu'il ne soit montré à Venise) ; et plusieurs grandes tables de travail où se trouvent, pêle-mêle, revues de cinéma, beaux livres, affiches, dessins, manuscrits...

La rentrée cinématographique de septembre a été précédée au début de l'été d'une autre "rentrée", moins fournie en nouveautés : la réouverture des salles, à la fréquentation freinée par la frilosité des grands studios. Premier bilan d'étape sur la santé de l'exploitation en France.

La traduction française du "Cassavetes on Cassavetes" de Ray Carney (éd. Capricci) est un événement : cet opulent portrait du cinéaste jette une précieuse lumière sur son oeuvre. Sommaire. Cassavetes par lui-même : rien de joli. Une autre femme.

La direction de postproduction, un métier qui a émergé à la fin des années 90, n'est pas un poste systématique sur les films, alors qu'il apporte une précieuse coordination aux différentes étapes qui suivent le tournage. Après vingt ans chez Agat Films/Ex Nihilo, "maison mère", à laquelle il est toujours lié, Pierre Huot travaille en indépendant et compte de nombreuses collaborations au long cours avec notamment Robert Guédiguian, Patricia Mazuy et Sébastien Lifshitz.

Le désert pose au cinéma une question essentielle : autant étendue qu'entité, physique que métaphysique, il est l'endroit où l'espace se vide du temps, où le temps se convertit en espace. Rien ne sert de le circonscrire en une image, car l'immensité de ses lignes et de son silence fuit par tous les bords du cadre.

L'expérience d'un film survit dans notre mémoire sous forme de bribes éparses : noms, objets, visages, sentiment vague d'avoir eu peur, euphorie ou honte, souvenir de la solitude ou du plaisir grégaire d'une sortie en groupe, tous ces éléments finissent par former un chapelet d'affects qui, avec le temps, mature en rébus. Un filin n'est pas un objet préhensible, qu'on pourrait parcourir et citer comme un livre, mais un absent, un fantôme. Il est de son essence même de ne faire que passer.