Nous avions quitté Pierre Salvadori au terme d'un film doux-amer et poétique qui offrait à une comédienne de renom l'un des plus beaux rôles de sa carrière récente.

"Je ne peins pas l'être, je peins le passage". Lecteur de Héraclite, Montaigne, qui par ces propos caractérise le projet littéraire des "Essais", a bien saisi que la nature humaine s'appréhendait dans le mouvement et non dans l'identification d'une supposée essence. De la même manière, le roman ou le film d'apprentissage se déploient autour des processus de mutation et de transition. L'adolescent, dans la mise à l'épreuve de son désir, parcourt tout le spectre des émotions qui jalonnent un parcours borné par les expériences duelles du passage à l'acte et de l'impossible.

Dans les représentations archétypales, l'enfant est l'emblème d'une délicatesse et d'une vulnérabilité dont les instances familiales font le plus grand cas. Contre les menaces extérieures, la cruauté physique et morale ou les multiples déflagrations du réel, les parents ou les ascendants sont censés former le rempart d'une innocence si facile à profaner.

Cinéaste emblématique de la 6e génération aussi dite des "Enfants de Tiananmen" Jia Zhang-ke a été le premier cinéaste sorti de l'Académie du cinéma de Beijing mais à ne pas devenir un fonctionnaire en refusant le statut du salarié d'État. C'est seulement à partir de "The World" (2004) qu'il fit un film articulé sur le système de distribution national et qui sortit ainsi enfin dans des salles chinoises.

Il est intéressant de réfléchir au choix radical de deux cinéastes, Alejandro G. Inarritu et Sebastian Schipper qui, à quelques mois d'intervalle ("Birdman" à la Mostra de Venise 2014, "Victoria" à la Berlinale 2015), proposaient deux oeuvres articulées autour du défi du plan-séquence unitaire (dont "Rope" de Hitchcock, 1948, a signé l'acte de naissance).

A travers une analyse des récents films de guerre, Baptiste Roux livre ses réflexions sur l'évolution du genre, tant dans le cinéma américain qu'européen. Il s'intéresse à la transcription à l'écran de la guerre moderne et de son impact sur les troupes, la stratégie, les théâtres des opérations. Pour étayer ses réflexions, l'auteur s'est particulièrement appuyé sur 3 films "Ni le ciel, ni la terre" de de Clément Cogitore, "Voir du pays" de Delphine et Muriel Coulin et "Soy Nero" de Rafi Pitts.

Il fut un temps (les années 1970) où le bleu de travail, la chaîne ou la sueur ouvrière ne constituaient pas un point aveugle du cinéma, un hors-champ un peu honteux en raison de son inesthétisme et du vocabulaire carencé des personnages.

Jean-Luc Godard est mort le 13 septembre 2022. Il n'aura guère eu à patienter : sa statue de commandeur était dressée depuis des lustres, intimidant le badaud, effarouchant celui ou celle pour qui la révérence ne relève pas de l'automatisme. Les nécrologies dithyrambiques étaient à l'avenant : 8 pages dans "Le Monde", et 28 pages de "Libération" dès le lendemain. Ni Kubrick, ni Fellini, ni Resnais n'ont eu, en leur temps, droit à pareil honneur.