Le vote massif pour l’extrême droite ne signe pas une adhésion aux idées fascistes, estime un intellectuel brésilien dans cette interview. Il reflète un profond malaise économique et politique.

L'Amérique latine a eu son moment de grâce, quand, la page des dictatures militaires et des régimes autoritaires une fois tournée, l’insertion dans la mondialisation paraissait la destiner à un développement économique rapide, en plus de la consolidation démocratique. Or, la voici rattrapée par ses vieux démons sous de nouveaux visages. D’importantes échéances électorales ont achevé de mettre ce tournant en lumière. Alain Rouquié analyse dans cette perspective la signification des élections présidentielles récentes au Mexique et au Brésil.

Jair Bolsonaro, le candidat d'extrême droite à la présidentielle, fait la course en tête. Effet de nostalgie ?

Un homme blanc, souriant, qui se tient droit dans un costume bien coupé et qui sait parler, cela rassure. Il a la légitimité du colonisateur : on ne peut pas comprendre le Brésil si on ne saisit pas que, à la différence de la France, métropole et colonie se partagent le même territoire. Depuis, le Brésilien croit être sorti de son coma politique. Ceux qui sous-estimaient Lula le haïssent désormais. Mes tantes maternelles ont ajouté un bandeau vert et jaune avec le nom de Bolsonaro sur leur photo de profil Facebook.

Dans un Brésil ultrapolarisé, Jair Bolsonaro et Luiz Inacio Lula da Silva se disputent le vote évangélique pour la présidentielle. Reportage.

Dans une société minée par les inégalités et l'insécurité, le favori à la présidentielle, Jair Bolsonaro, radicalise, avec son style agressif, le géant latino-américain

Avec son inclination affichée pour Donald Trump et des dirigeants ultraconservateurs du monde entier, le prochain gouvernement brésilien assume sans ambages son futur profil diplomatique.

Le nouveau président brésilien a été hâtivement rangé dans la catégorie fourre-tout des populistes de droite. Cette analyse simplificatrice décrit mal la spécificité d'un chef d'Etat qui pourrait, lui, se révéler être un authentique héritier du fascisme.

Entre les militaires antimondialistes et l’aréopage d’économistes ultralibéraux qui le composent, le nouveau gouvernement brésilien devra affronter de réelles contradictions internes sur des questions aussi cruciales que les choix économiques ou la diplomatie.

A l'aune de l'histoire de son pays, le nouveau président du Brésil n'a pas de quoi se reposer sur ses pauvres lauriers. Dans le plus grand Etat d'Amérique latine, on n'est pas à un revirement près.

Depuis sa prise de pouvoir en janvier, le nouveau président brésilien a confirmé ses penchants autoritaires, gouvernant à coups de tweets vengeurs et volontiers vulgaires. Malgré son style choquant et plusieurs affaires qui le rattrapent, Bolsonaro reste néanmoins populaire.

Après deux mois de mandat, le chef de l'Etat chute dans les sondages. Aux soupçons de corruption dans son entourage s'ajoute un étrange comportement lors du carnaval...