Cervelles et langues en ébullition, mines renfrognées ou grands sourires réjouis, la sortie de la conférence de presse du 70e Festival de Cannes, le 13 avril 2017, marquait véritablement le début du printemps pour les cinéphiles. Le dévoilement de la sélection officielle (Compétition et Un certain regard, ainsi qu'une salve de séances spéciales) est en effet ce moment où les théories bourgeonnent, les attentes éclosent... Histoire de vous en faire profiter, "Transfuge" s'est réuni autour d'une table pour commenter la sélection, subjectivement, passionnément.

Des chefs-d'oeuvre qui ne sont pas à Cannes, il y en a plein. Des chefs-d'oeuvre qui sont à Cannes mais repartent les mains vides, il y en a plein aussi. Comment une chose pareille est-elle possible avec des jurés aussi bien triés sur le volet ? Voici en vingt exemples soigneusement choisis, une histoire alternative du plus grand festival du monde.

Réalisateur parcimonieux surtout connu comme collaborateur de Laurent Cantet, créateur "par procuration" de la série "Les Revenants", Robin Campillo est l'éternel marginal du cinéma français. Le triomphe cannois de "120 Battements par minute" le met soudain dans la lumière, au centre de l'attention, désormais guetté, célébré, désiré. Mais en a-t-il vraiment envie ?

Ils imaginaient déjà le festival de Cannes ouvert par le ministre de la Culture de Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, ou le comédien frontiste Franck de Lapersonne paradant sur la Croisette : les professionnels du cinéma n'ont pas été les moins soulagés par le résultat de la présidentielle. Mais à quoi aurait bien pu ressembler le cinéma sous la présidence lepéniste ?

Ils ne sont ni acteurs, ni professionnels du cinéma, ni journalistes. Pourtant, tous les ans, Elena, Jean-Pierre, Nicole ou Robert foulent le tapis rouge pour assister aux projections du jour. Vêtus de leurs plus beaux atours, ces "gratteurs" de la quinzaine cannoise se postent devant le Palais des festivals en quête de places. Un procédé bien plus efficace que de passer par le service "invitations".

Rebootée ces derniers mois par la série "Big Little Lies", la carrière de la "special K" rebondit plutôt quatre fois qu'une cette année à Cannes, où elle est particulièrement attendue chez Sofia Coppola.

Dix paris supplémentaires pour la quinzaine cannoise : "Good Time", "Jeannette, l'enfance de Jeanne d'Arc", "The Meyerowitz Stories", "Un beau soleil intérieur", "Barbara", "Okja", "Visages, villages", "Le Jour d'après" et "La Caméra de Claire", "Wonderstruck", "Happy End".

La présence en compétition du géant Netflix, ainsi que celle des séries et de la réalité virtuelle, ouvrent-elles une nouvelle ère ?

Beaucoup de films vus à Cannes opposent à la violence du monde la dureté d'une lecture critique. Mais l'un deux les surpasse tous : le plus grand film politique du festival, notre palme idéale, "120 battements par minute" de Robin Campillo.

Qu'ils soient imaginaires ou issus du monde réel - Rodin, Godard ou Barbara -, les artistes sont les grands présents de cette cuvée 2017.

Des enfants en fugue, un paysan mystique, une actrice coréenne amoureuse... Les visages de cette première semaine de Festival : Tilda Swinton, Juliette Binoche & Claire Denis, Nahuel Pérez Biscayart & Arnaud Valois, Elizabeth Olsen, Mathieu Amalric & Jeanne Balibar, Kim Min-hee, Todd Haynes, Noée Abita, Hubert Charuel & Swann Artaud.