Le pouvoir vient de franchir une étape symbolique en imposant une Assemblée constituante qui prend la main sur toutes les instances démocratiques. Malgré des manifestations incessantes et durement réprimées depuis près de quatre mois, le projet du président, Nicolás Maduro, de reprendre les rênes sans partage est atteint. Épuisée par les pénuries et le chaos, la population fuit un pays riche de ses réserves pétrolières mais ruiné par une gestion erratique. Comment sortir du virage autoritaire qui se dessine ?

Le Venezuela bénéficie de nombreuses ressources, mais elles sont gâchées par un régime dictatorial à bout de souffle. Si elle réussit à s'unir, l'opposition présente des perspectives d'avenir.

Le pays, qui fut l’un des plus riches d’Amérique latine, est aujourd’hui partiellement en défaut de paiement. Et ses principaux créanciers, la Chine et la Russie, ne semblent pas pressés de l’aider. En complément, deux éclairages : "Nous approchons du début de la fin", interview d'un ancien ministre du Commerce du Venezuela ; Faute de remèdes, les malades meurent.

Poussés par la pénurie et une inflation qui ne leur permet plus d'acheter le moindre produit, des centaines de milliers de Vénézuéliens émigrent vers la Colombie.

Partir ou rester ? Ces dernières années, trois à quatre millions de Vénézueliens ont quitté leur pays. Beaucoup d’autres y songent. Certains s’y refusent. Mais jusqu’à quand ? Un écrivain argentin est allé à la rencontre des habitants d’une capitale divisée, où presque plus rien ne marche.

A Caracas, les difficultés du quotidien sont presque devenues une routine. De quoi balayer les velléités des citadins à manifester contre le régime.

Resté en Colombie, le frère a survécu à la guerre. Après avoir connu la prospérité, sa soeur exilée au Venezuela souffre des émeutes et de la pénurie. Histoire des Peluffo, une famille ballotée entre deux pays voisins.

La situation économique et sociale du Venezuela s'aggrave, en 2018. Le PIB du pays a chuté de 44% en 5 ans. Le déficit budgétaire atteint 18% du PIB, l'inflation devrait dépasser la barre des 10 000 % en 2018, et la dette extérieure est évaluée à 150 milliards de dollars. L'économie du pays, pourtant riche de pétrole, a basculé dans les années 2013-2014, sous l'effet de l'effondrement du prix du baril et de l'investiture de Nicolas Maduro. Dépourvu d'industrie manufacturière et d'agriculture, le pays a également subi la pénurie soudaine de devises.

Confrontés à la pénurie de produits de première nécessité, les Vénézuéliens quittent en masse leur pays, en proie à une grave instabilité économique et politique.

Près de dix ans après son effondrement économique, le pays renoue avec la croissance et sort de son isolement diplomatique. Mais les disparités de revenus n’y ont jamais été si criantes.

Le début de l’année est typiquement la période des révoltes et des bouleversements au Venezuela. Cette année pourtant, le calme semble régner dans un pays devenu un symbole d’échec économique, de répression et de migration massive. Serions-nous revenus à la normale ? On serait tenté de le croire, vu l’étrange vague de prospérité qui déferle sur les quartiers aisés de Caracas, où supermarchés et autres commerces regorgent à nouveau de produits importés et où les magasins de luxe, les restaurants haut de gamme et les centres commerciaux connaissent une seconde vie.

Sur 30 millions de Vénézuéliens, ils sont déjà 6 millions à avoir quitté leur pays depuis 2014. Beaucoup s'aventurent, à pied, dans la montagne, pour gagner Bogota en suivant la Route 55. Nous avons fait le chemin en sens inverse, pour aller à leur rencontre.